30 septembre 2018 Rezo Nòdwès
un billet de la rédaction
Après une convocation à l’extraordinaire pour la ratification de la politique générale du premier-ministre Jean-Henri Céant, les députés sont repartis en vacances sans avoir doté le pays d’une nouvelle loi de finances devant entrer en vigueur dès le lundi 1er octobre 2018 à Minuit
Port-au-Prince, dimanche 30 septembre 2018 ((rezonodwes.com))–Tout pays qui se respecte et qui est gouverné, s’arrange pour que son budget national soit adopté avant le premier jour d’un nouvel exercice fiscal.
Haïti voulant toujours se singulariser dans le mal, quand cela arrange un petit groupe de décideurs inconscients de notre état de fait, s’enlise dans des situations incontournables alors que la misère s’empare de la majorité de sa population.
Après l’énoncé d’une politique générale largement approuvée par le parlement le 15 septembre, le Premier-ministre Jean-Henry Céant, plus de deux semaines plus tard, au lieu de mettre les bouchées doubles, s’est contenté de constater le retrait du budget déposé au parlement et de s’adonner à d’autres taches, telles, visiter la Cour Supérieure des Comptes, accompagner Martine Moise à la prison ou aller danser le mambo et le cha-cha-cha à l’occasion de son anniversaire.
Cet instrument de gouvernance d’un pays semble être le cadet de ses soucis compte-tenu d’un budget rectificatif récemment adopté par la majorité présidentielle des deux chambres, venant justifier toutes les dérives financières qui ne sont pas ancrées dans la comptabilité nationale durant l’année fiscale écoulée. Et qu’à partir du lundi 1er octobre 2018, le pays est appelé à vivre au rythme d’un budget rectificatif reconduit avec tout le sac à malices qu’il porte sur son dos.
Ce budget décalqué n’accordant aucune priorité au système de santé fragilisé et une éducation au rabais, et s’apparentant à un budget de fonctionnement, canalise un fort pourcentage au paiement de la dette externe. Avec la reconduction d’un tel budget, nous sommes plongés dans un artifice de procédures ne débouchant que sur le dilatoire et la propagande où le mal ne sera jamais indexé voire lui trouver un palliatif.
Parallèlement, chez nos voisins dominicains où Jean-Henry Céant serait attendu en visite officielle au cours du mois d’octobre, et la ministre du Tourisme en novembre, tout est fin prêt pour l’entrée en vigueur dès Minuit, de leur nouveau budget 2018-2019 dont l’enveloppe consacrée à l’éducation rivalise la totalité de notre budget national.
Après toutes ces constatations et sachant que le budget 2017-2018 a débouché sur la dépréciation accélérée de la gourde, une inflation galopante, des violentes manifestations au cours du premier trimestre et des émeutes en juillet dernier, sans compter un déficit budgétaire-record, il est difficile pour nous de souhaiter Bonne Année fiscale 2018-2019 aux amis lecteurs de Rezo Nòdwès car nous ne pouvons prévoir jusqu’où l’improvisation, l’amateurisme et ou la mauvaise foi de nos dirigeants vont conduire le pays durant ce nouvel exercice.
Attendons voir !