3 septembre 2018 Rezo Nodwes
Petro-Caribement votre! par Jean E. Assad
Lundi 3 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Aujourd’hui le thème à la mode est “Pétro Caribé” et la formule magique qui interpelle tout un chacun, blanc ou noir, riche ou pauvre, paysan ou citadin, intellectuel ou analphabète est : Kote kob pétro karibé a ? Tout le monde s’y met, de la charmante Gessica Géneus, très inspiratrice d’ailleurs en passant par la talentueuse Gaëlle Bien-Aimé, qui dit tout vrai en riant (anryan), on ne saurait rester indiffèrent. “Pétro Caribé” est une affaire citoyenne qui nécessite un engagement citoyen de tout un chacun, même de ces politiciens “Rat do kalé” ! Tout le monde en parle comme dirait Fanfan Latour : “a la mode de chez nous”.
J’ai entendu à la radio et Dieu seul sait j’en ai entendu, des gens réclamer le procès “Pétro Caribé”, comme d’autres avant ont réclamé le procès de la CIRH ou autres procès Coopératives. On dirait que nous autres haïtiens, ont un mal fou à accepter que nous sommes des comédiens, comme l’a dit Graham Greene. Voilà que je fais comme tout le monde, je n’ai jamais lu ce livre mais j’en parle comme la quasi-totalité de mes compatriotes, c’est bien une manie de chez nous. Au moins, j’ai vu le film avec la séduisante Liz Taylor et Richard Burton.
En Haïti, dès qu’on arrive au timon des affaires et qu’on doit faire face à la critique populaire pour absence de résultat, on se plaint que ce pays est mangeur d’homme, j’emploierais plutôt le terme grand mangeur à la mode “Pétro Caribé”, 3.8 milliards portés disparus, pas un témoin, pas un coupable, rien que des innocents et des victimes de la mauvaise langue populaire. Kote kob petro karibé a ? On rapporte que la République Dominicaine et la Jamaïque ont, non seulement utilisé efficacement leur argent mais en plus, déjà remboursé la totalité de ce prêt. Qu’est ce qui ne va pas chez nous ? De quel mal ou quels maux souffre-t-on ?
Dans ma jeunesse je rêvais d’être médecin pour pouvoir guérir les malades, j’étais loin de me douter que le mal haïtien était aussi profond. Nous souffrons d’un mal chronique appelé le NANISME, qui est la maladie du nain, nous sommes incapables de voir grand, et du MYOPISME, la maladie de celui qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. En effet, comment un Wilson Laleau qui a été directeur du CEFOPAFOP, ministre du Commerce, ministre des Finances, chef de cabinet du président de la république et entre autres professeur à L’UEH, peut-il nous raconter pince sans rire que l’argent du “Pétro Caribé” a été dépensé dans la construction de latrines, de places publiques et de quelques petits projets insignifiants, pour plaire aux élus du Bicentenaire et bénéficier de leur confiance. Laleau est non seulement coupable de négligence et de mauvaise gestion, mais aussi et surtout de trahison ! Il mériterait de ce fait la prison à vie. On est des dirigeants pour diriger et prendre des décisions que cela plaise ou non aux députés et sénateurs. Ces derniers n’ont-ils pas pour mission de contrôler les dépenses du gouvernement dans le cadre du principe de la séparation des pouvoirs tel que préconisé par Montesquieu dans « de l’esprit des lois », celui-là j’ai lu heureusement.
J’ai encore entendu autre Enex Jean Charles, mon ancien professeur de Droit Administratif a la Faculté de Droit, venir lui aussi demander comme monsieur tout le monde Kote Kob Pétro karibé a ? Jean Charles ancien secrétaire général du conseil des ministres sous Martelly et premier ministre pendant plus d’une année durant la transition serait le mieux placé pour nous dire où est passé l’argent de “Pétro Caribé”. En tant que premier ministre, il avait un Access total a tous les dossiers de l’État. Pourquoi venir maintenant demander des comptes ? C’est à croire qu’il nous prenne tous pour des imbéciles. K-Libr que j’ai eu le plaisir de découvrir durant cette saga “Pétro Caribé” et à qui je tire mon chapeau d’ailleurs, définissait judicieusement l’opportuniste réactionnaire à la mode haïtienne, comme quelqu’un qui s’identifie à une tendance politique ayant pour objectif de maintenir le statu quo, mais place aussi dans cette catégorie ceux qui ne laisseront jamais passer le train sans s’accrocher à une rame, ne fut-ce la dernière. Aussi, Bienvenue dans le train pétro Caribé mon cher Enex !
On dit souvent « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ici, je laisserai la ruine de notre âme de peuple aux prêcheurs protestants qui l’a déjà bien ruinée depuis belle lurette avec leurs prédications de zombies comme dirait le docteur Jean Fils-Aimé. Pour ma part, science sans conscience n’est que ruines et larmes. Ici aussi, il y a ceux qui ont la science comme Kedler Augustin, jeune et brillant avocat mais, qui n’a aucune conscience, préférant transférer le dossier “Pétro Caribé” devant la Cour des Comptes, pour certainement plaire à ses patrons, sachant pertinemment le destin qui lui serait réservé.
Il y a encore cet autre Joseph Lambert, celui-là, je doute fort qu’il a une quelconque science, sinon la science de la fourberie et de l’arnaque, disant, pour répéter les journalistes de Magik 9, qu’il ne veut plus entendre parler de ce dossier au parlement. Il y a tout ce beau monde, encastré dans leur tour d’ivoire, leur arrogance et leur mépris de la population faisant comme si 3.8 milliards de dollars américains étaient une pitance. Ils aiment répéter pour nous embrouiller « nous sommes tous coupables » Je ne le suis pas moi, Gessica Géneus ne l’est pas non plus, Gaëlle Bien-Aimé, K-Libr, Gilbert Mirambeau Jr et tous ces cyber rebelles qui reprennent à leur compte le discours pétro conscientisant ne le sont pas et ne paieront pas un centime tant qu’on ne nous aura pas dit qu’est-il advenu de l’argent de “pétro caribé”. Kot kob pétro karibé a ?
Beaucoup réclament un procès historique “Pétro Caribé” et je ne vois pas pourquoi les Laurent Lamothe, Wilson Laleau, Jean Max Bellerive et consorts, n’acceptent pas de se soumettre à la justice. Notre singularité de peuple leur sera peut-être très bénéfique. N’est-il pas vrai que tous les condamnés du procès de la consolidation sont devenus présidents de la république. Risquez-vous messieurs et dames, peut-être vous gagnerez la cagnotte. Qui sait ? En tout cas, tôt ou tard, il y aura un procès “Pétro Caribé”, il y aura un procès CIRH, il y aura un procès des Coopératives et bien d’autres d’ailleurs.
Mais en attendant, il faut commencer quelque part et cette saga “Pétro Caribé” est le bon prétexte pour démarrer l’an zéro de la nouvelle Haïti avec ces jeunes gens, ces artistes, cette diaspora et cette couche saine et apolitique qui réclament à tue-tête des redditions de comptes et des explications quant à la dilapidation de ces fonds. On ne pourra indéfiniment se soustraire aux glaives de la justice sans maintenir le spectre d’un nouveau 7 et 8 juillet. Comme dit l’adage latine « Sivis pacem para libertatem et justitiam » qui veut la paix prépare la justice et la liberté. Alors messieurs rendons nous justice pour les 3.8 milliards de dollars de “Pétro Caribé” afin de maintenir la paix et la liberté sous le soleil d’Haïti, notre beau pays.
Jean E. Assad
New-York, le 31/08/2018
Jealove68@yahoo.com
photo FB Junior Jean Baptiste