26 août 2018 Rezo Nodwes
Dimanche 26 août 2018 ((rezonodwes.com))– Une bonne partie de notre population vit à l’étranger, et ceci près de 2 millions d’Haïtiens. D’un côté, la plupart d’entre eux sont aux États-Unis, tandis qu’un nombre important réside en République dominicaine. De l’autre côté, des pays comme le Canada, la France, le brésil, le chili pour ne citer que ceux-là, accueillent également des milliers de citoyens haïtiens. Finalement on peut déduire que nos compatriotes n’ont pas de destination fixe, ils sont éparpillés partout dans le monde à la recherche d’opportunités diverses.
Certainement, on a remarqué depuis toujours que la diaspora haïtienne qui vit à l’étranger ne perd pas le lien avec son pays d’origine. La Banque mondiale l’a confirmé en 2017 dans un rapport officiel, où la diaspora haïtienne a effectué des transferts d’argent dans le pays évalués à 2,4 milliards de dollars américains. Un montant qui équivaut à un quart du Produit intérieur brut (PIB) de l’économie haïtienne. En d’autres termes, si nous voulons mieux faire comprendre aux lecteurs le sens propre de ce rapport, cela signifie que la diaspora haïtienne est l’une des principales sources économiques du pays.
En fait, le montant des fonds transférés démontre le niveau d’engagement des Haïtiens à l’étranger envers leur famille et leur pays. Récemment, la Banque centrale du Chili a inclus Haïti comme destination pour les envois de fonds par les quelque 94 000 ressortissants haïtiens qui vivent dans ce pays. Normalement, le facteur qui explique le mieux un grand nombre d’Haïtiens vivant à l’étranger est la pauvreté. Beaucoup de ces ressortissants reconnaissent que c’est grâce à leurs efforts dans d’autres pays qu’ils peuvent supporter leur famille en situation difficile en Haïti. La diaspora entretient donc de très bons rapports avec son pays et beaucoup d’entre eux souhaitent retourner prendre leur retraite sur notre île.
À travers tous ses éléments scientifiques, nous pensons que la diaspora peut contribuer de manière significative au développement du pays, au-delà de son aide personnelle et collective, dans la construction de logements privés ou dans l’industrie immobilière. Dans cet ordre d’idées, nous encourageons des lois qui favorisent la participation et l’investissement de la diaspora dans des projets d’infrastructure dont nous avons tant besoin en adduction en eau potable ; en énergie ; dans les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Aussi, l’appui de la diaspora serait bénéfique aux investissements productifs dans leur région d’origine et à travers leur soutien aux transferts de compétences vers les communautés locales pourra-il contribuer au progrès économique de notre société. Des capitaux privés venant de l’extérieur contribueraient à faire avancer les aqueducs, les expertises dans des domaines clés, pour améliorer la qualité des services publics et une meilleure performance du citoyen haïtien.
De surcroit, il est aussi nécessaire qu’il y ait l’élaboration d’un projet de loi consacrant la participation active des membres de la diaspora à la vie politique du pays. Ainsi la diaspora haïtienne serait libre d’exercer leurs pleins droits civils et politiques, durant les élections nationales.
En réalité, nous le savons tous, le vote à l’étranger est un droit que la diaspora attend depuis longtemps. De nombreux pays de la région autorisent leurs résidents à voter comme mécanisme de participation à la politique de leur cité. Normalement pour imiter de bons exemples des pays avancés , il serait souhaitable que la diaspora soit représentée au Parlement. Encore à titre d’exemple, un continent comme l’Amérique du Nord compte plus d’immigrants haïtiens que huit de nos départements.
Enfin, faciliter la participation de la diaspora haïtienne au développement du pays et à son avenir permettrait d’atteindre un potentiel considérable, grâce auquel les mesures nécessaires seraient prises pour réduire notre dépendance à l’égard des fonds provenant d’organismes multilatéraux. De nombreux Haïtiens aimeraient voir leur participation dans des sociétés d’infrastructure qui améliorent la qualité de vie de la population. En même temps, il faudrait créer les conditions nécessaires à la promotion des investissements nationaux et étrangers dans les grands projets de notre pays. Ce qui renverrait un signal clair au monde entier que nous sommes capables de lancer Haïti sur la voie du progrès et du développement.
La diaspora a pour défi majeur de créer une structure pouvant conjuguer les efforts des Haïtiens dans différents pays pour redéfinir des stratégies susceptibles de contribuer efficacement au développement d’Haïti. L’existence d’une telle structure permettrait aux Haïtiens à l’étranger de participer activement à la solution des problèmes du pays qui est chère à nous tous.
Michelet Nestor
Avocat, Entrepreneur
Licencié à la Faculté de droit de Port-au-Prince
Maîtrise de droit à l’Université de Loyola en Louis