20 juillet 2018 Rezo Nodwes
Lorsque les vauriens deviennent des vautours par Nathanael Louis Barnabé Saint-Pierre
Vendredi 20 juillet 2018 ((rezonodwes.com))–Cher Monsieur Boulos,
Refuser de reconnaître que vous êtes un privilégié dû à votre double nationalité et la couleur de votre peau, est un péché grave. Tant et aussi longtemps que vous ne comprenez pas que vous êtes d’une classe favorisée qui a la responsabilité de travailler pour que justice sociale soit réalité sociale, vous serez encore la victime de casses « ciblées » ou aléatoires.
En reconnaissant que vos ancêtres sont rentrés au pays « au milieu du 19ème siècle » vous dévoilez sans le vouloir que vos ancêtres sont arrivés après la lutte pour l’indépendance pour profiter et bénéficier d’un pays libre. Regardons l’apparence et la réalité de ceux que vous qualifiez de « déchouqueurs professionnels » : ce sont des petits nègres fils de nègres arrachés et déracinés d’Afrique qui après avoir été opprimés pendant plus de quatre cents années continuent de baver dans la crasse et survivent de la générosité d’une classe associée à ses bourreaux soit économiquement, soit ethniquement.
Comprenez vous leur réalité? Saisissez vous les différences entre eux et vous?
J’ai lu votre lettre et elle me paraît présenter d’une part des vilains qui ont démoli des entreprises messianiques et salvatrices; et d’autre part, des victimes bon genre bon cœur qui ne sont coupables d’aucun impair. Vous n’avez fait que votre éloge personnel. Vous avez nommé vos réalisations mais habilement omis de mentionner vos faux-pas. C’est ce genre d’hypocrisie qui fragilise la bourgeoisie haïtienne. La réalité est que vous faites partie d’une bourgeoisie salope.
À chaque fois qu’une catastrophe survient, qu’elle soit naturelle ou fabriquée de mains humaines, nous réagissons rapidement avec une aide pour un soulagement immédiat. Nous ne créons aucune structure à long terme qui nous permettrait d’être mieux préparés. Cela fait notre affaire d’augmenter la dépendance des plus fragiles au lieu de les éduquer pour qu’ils puissent apprendre à subvenir à leurs besoins à moyen et à long terme. Nous vautrant dans un luxe amoral, nous sommes de ceux qui ne veulent pas que les structures changent parce que nos bénéfices auraient diminué.
Combien payez-vous vos employés Docteur Boulos? Quelle est la rémunération offerte à celles et ceux qui servent de cobayes à vos produits pharmaceutiques? Je suis sûr que vous croyez tellement que vous rendez service à la communauté que vous devez croire que vous faites de votre mieux avec ce que vous avez sinon mieux que beaucoup d’autres.
M. Boulos, comme vous, je suis né en Haïti. Je n’ai pas vos privilèges et ne les ai jamais eus. Malgré mes idées, je n’ai jamais eu le support financier pour les exploiter. J’ai été un mécanicien, mon garage a été étouffé par un fils de banquier revenu des USA et j’ai du travailler pour lui plutôt que pour moi même. J’ai présenté un projet de boulangerie écologique au FAES, je n’ai pas reçu de financement pourtant j’ai appris que quelqu’un d’autre a reçu le financement et mon projet. Aujourd’hui, j’ai des idées de récupération et de recyclage, je n’ai toujours pas l’argent que ça prend pour construire une structure de collecte et un plateau de tri. Quelles sont mes alternatives après toutes ces années d’études? Qu’est-ce qu’il me reste à faire si je refuse d’être candidat au sénat ou à la chambre des députés n’ayant aucune chance d’être élu puisque je refuse de vendre mon intégrité?
C’est nous, M. Boulos que vous qualifiez de déchouqueurs professionnels. Parce que sans guides, nous sommes livrés à nous-mêmes. Parce que la bourgeoisie salope ne nous laisse aucune opportunité. Parce que nous sommes affamés et sans travail. Parce que tous les gouvernements vous ont soutenus et protégés, (vous l’écrivez vous-même vous êtes bon payeur d’impôts) alors qu’ils ne nous ont qu’opprimés.
Parce que les appareils répressifs nous ont choisis pour cibles et jamais vous. Parce que nous sommes frustrés de vous savoir bien protégé alors que nous sommes exposés à tous les fléaux sociaux. Nous avons voulu vous démontrer que derrière vos murs et barbelés, vous n’êtes pas intouchable et inaccessible. Parce que vous avez les moyens de votre justice mais nous n’avons même pas la justice de nos moyens.
Tant et aussi longtemps que votre capitalisme ne présente pas un possible visage d’humanité, la sauvagerie du peuple viendra mettre les pendules à l’heure. Les vauriens ne deviennent pas vautours sans raison. Ils le font parce que la charogne augmente.
Bien à vous,
Un citoyen comme vous
Nathanael Louis Barnabé Saint-Pierre