Russie: A la rencontre des Haïtiens de Moscou

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20 juin 2018 Rezo Nodwes

Coup d’œil sur la communauté haïtienne en Russie

par Joël Lorquet

Existe-t-il des Haïtiens à Moscou ? La réponse est « oui » puisque la communauté haïtienne est composée de 54 étudiants, la plupart d’entre eux étudient à l’Université de l’Amitié des Peuples à Moscou (ci-devant Université Patrice Lumumba) Quatre d’entre eux sont inscrits dans d’autres universités, toujours à Moscou.

Moins d’une dizaine d’autres Haïtiens habitent en Russie. La plupart sont des enfants d’anciens compatriotes ayant vécu à l’époque communiste ou des étudiants ayant épousé des femmes russes. On raconte même que l’un des premiers immigrants haïtiens, René Théodore (Parti Unifié des Communiste Haïtiens, PUCH) aurait des enfants vivant en Russie.

Les universitaires haïtiens étudient l’Economie, les Relations Publiques, les Relations Internationales, l’Agronomie, l’Informatique, le Génie et la Médecine

La plus grande difficulté rencontrée par nos compatriotes est l’apprentissage de la langue russe et l’adaptation au climat. Avant de commencer avec les cours réguliers, une période d’un an à 18 mois au moins est requise pour se familiariser avec le russe; une langue pas très facile, puisque même après quatre années, certains n’arrivent pas à la bien parler. Cependant, les cours de Latin suivis antérieurement dans leur pays d’origine facilitent énormément la tâche à nos compatriotes.

Le climat en Russie est pénible à supporter : l’été dure seulement 2 mois, avec des chutes de température pouvant partir de 30° c pour descendre à 16° en l’espace de quelques heures. En hiver, des températures atteignant moins 40° font peur, car la respiration devient difficile et le froid vraiment insupportable.

A part quelques rares exceptions, les universitaires haïtiens obtiennent de très bonnes notes (soit 5) lors des examens.

Si la plupart des étudiants sont des boursiers ayant séjourné antérieurement à Cuba, certains ont appliqué comme “contractuels” avec l’aide d’une association ayant son siège à Boston et paient seulement $ 2.000 à 2.500 américains l’an. L’année prochaine, une vingtaine de jeunes Haïtiens âgés de moins de 23 ans doivent arriver à Moscou pour leurs études universitaires.

Minime, la communauté haïtienne n’est pas isolée, car les étudiants habitent le même campus de l’Université de l’Amitié des Peuples; ils se réunissent pour célébrer des occasions spéciales, notamment la fête de l’Indépendance d’Haïti le 1er Janvier, ou celle du drapeau le 18 Mai et ils constituent parfois des cellules de prière.

Une association a même été créée en vue du rapprochement des deux peuples. Bien qu’il n’existe pas encore de relations diplomatiques entre la Russie et Haïti, la présidente de “ l’Association de la communauté Haïtienne en Russie” l’étudiante en médicine Fabiola Dalvius, dit travailler en vue de l’établissement d’un consulat haïtien à Moscou.

Fabiola Dalvius dit espérer également que plus d’Haïtiens auront, comme elle, la possibilité de réaliser leurs études universitaires en Russie.

Quand on considère la qualité de l’Université d’Etat d’Haïti qui ne dispose même pas d’un vrai campus et le coût exorbitant du traitement des Facultés privées, il ne faudrait que saluer l’engouement des Haïtiens à étudier en Russie.

Les étudiants haïtiens ne comptent pas rester en Russie après leurs études. A côté de ceux qui projettent d’aller travailler dans d’autres pays étrangers, un grand nombre envisagent de retourner au bercail ; une façon, disent-ils, de contribuer au développement d’Haïti et de renouveler les ressources intellectuelles et professionnelles à un moment où beaucoup de nos cerveaux sont récupérés par d’autres nations, le Canada en particulier.

Joël Lorquet

Joellorquet@yahoo.com

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