Lundi 11 juin 2018 ((rezonodwes.com))– N’en déplaise à ceux qui croient que la politique commerciale de Donald Trump est une simple redevance électorale visant follement à satisfaire l’électorat conservateur.
Cet argument est totalement faux car les ajustements tarifaires exigés par Washington sont une obligation politique sine qua non du document stratégique de sécurité nationale publié quelques mois après l’inauguration du mandat présidentiel républicain et faisaient déjà l’essence du discours électoral de la campagne présidentielle du Sénateur Bernie Sanders. Le candidat malheureux des primaires démocrates était le premier à lancer les hostilités contre l’ordre mondial globaliste établi.
En réalité, la nouvelle politique commerciale américaine est tout simplement la volonté manifeste de l’intérêt national américain en vue de combler les manques à gagner dans les échanges commerciaux avec le Mexique, le Canada, l’Europe et notamment dans sa course hégémonique avec la Chine qui déloyalement contourne les lois de l’OMC en fermant son marché aux produits américains et systématiquement alourdit la dette publique américaine.
Ainsi, cette toute nouvelle approche de la politique économique américaine s’inscrit dans une perspective de dynamisation sur le long terme de l’un des moteurs piliers de l’économie qui n’est autre que la production industrielle locale venant de la classe moyenne des cols bleus. D’une Amérique capitaliste globaliste à une Amérique protectionniste et plus nationaliste dans ses rapports commerciaux et diplomatiques, cette politique est quasiment une conceptualisation ingénieusement montée par les deux instances les plus prestigieuses de l’Establishment, rattachées à la Présidence américaine.
En effet, à l’intérieur de la maison Blanche, le Conseil de Sécurité Nationale (SNC) et le Conseil National Economique (NEC) sont unis sur le dossier tarifaire, seule la stratégie utilisée par Donald Trump est en passe de révision et fait objet de divergences. Donc, l’Establishment américain est uni derrière ce projet qu’ils considèrent comme étant une cause légitimement justifiée en redéfinissant une nouvelle politique commerciale équitable capable de réduire les balances commerciales déficitaires par rapport à la Chine et à l’Europe dont les estimations s’élèvent à hauteur de centaines de milliards de dollars.
De plus, nous ne pouvons passer à l’oubli les velléités électorales innovantes de Bernie Sanders, le candidat démocrate d’alors, qui était le premier à critiquer le système financier et commercial international en promettant de rapatrier les emplois perdus à cause de la délocalisation du système de production et redéfinir la politique fiscale afin que les grandes entreprises paient le prix de la contribution sociale.
Si aujourd’hui, la stratégie nucléaire ou chaotique utilisée par Trump dans ses négociations, est complètement indésirable et dangereuse pour la diplomatie internationale et dans la gestion stratégique des alliés occidentaux, cependant, l’argumentaire de folie associé à Trump est totalement absurde et irrelevant pour la simple et bonne raison que le système bipartisan de l’establishment américain aiguise les politiques publiques nationales et dessine l’architecture de la politique étrangère suivant les paramètres géopolitiques et économiques jugés favorables à l’intérêt national américain.
Plonger l’économie américaine dans une guerre commerciale est risquée pour les Etats-Unis et dangereuse pour le reste du monde, Donald Trump à lui seul ne saurait être l’instigateur, « paranoïquement » conçue, d’une telle initiative aussi politiquement gigantesque que stratégique pour la sécurité nationale et la prospérité économique des Etats-Unis.
En définitif, la folie de Donald Trump serait sagesse pour certains critiques déséquilibrés si cette même politique commerciale était l’instrument d’application d’un gouvernement démocrate. Le jeu politique est naturellement sans considération aucune pour l’adversaire mais quand il enlève véracité de l’essence des faits politiques, il nous renvoie directement à l’irrationnel.
Cette irrationalité systémique ou culture de démence est plutôt haïtienne car seul Haiti sur l’échiquier mondial s’est condamné à vivoter dans des rapports commerciaux iniques, crapuleusement déficitaires avec son voisin dominicain et est contraint de se plier à la merci de la charité internationale malgré « cette irrésistible République Populaire de Chine » et malgré l’imminence incontournable de la carte diplomatique Israélienne pour adoucir Washington.
Gumais Jean-Jacques, AvMP
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