By: Rezo Nodwes 11 juillet 2022
Par Abel Descollines
Lundi 11 juillet 2022 ((rezonodwes.com))–
Dans plusieurs pays à l’échelle du continent africain, les dictateurs se succèdent au pouvoir. Certains dirigeants en Afrique restent au pouvoir pendant des décennies.
Ceux qui sont morts au pouvoir se font remplacer par un membre de la famille. C’est comme dans les républiques héréditaires. Dans la plupart des pays africains, les résultats des élections sont connus à l’avance. Généralement, la machine électorale résulte de la volonté du dictateur en chef.
Dans la plupart des régimes dictatoriaux africains, la liberté d’expression est strictement contrôlée. Les médias sont contraints à l’autocensure. Les régimes de sanctions sont d’une extrême sévérité.
La liberté d’expression est sous contrôle. Tout n’est pas bon à dire. Et il n’est surtout pas permis à quiconque de faire n’importe quoi.
Néanmoins, dans la plupart des pays africains où règnent des dirigeants autocrates, il y’a, généralement, un environnement sécuritaire. Nonobstant des contraintes en matière de liberté d’expression, les gens peuvent vaquer en toute quiétude. Ils peuvent se déplacer convenablement d’une région à une autre. La population fait ses courses dans les marchés publics comme des les grandes surfaces.
Les enfants sont à l’école. Le transport public se déroule sans obstacle majeur. Les quartiers sont sécurisés. Bref, la population ne vit pas l’insécurité de manière récurrente.
Certes, quelques pays du continent africains sont confrontés à des groupes rebelles qui relèvent surtout de la lutte idéologique ou religieuse. Cette réalité est due notamment, à des fractions ethniques. Mais dans les pays concernés, les gouvernements constitués se battent inlassablement pour venir à bout des belligérants. Et à priori, il n’y a ni complaisance ni connivence.
En Haïti, la liberté d’expression semble être un acquis. Tout le monde peut se déambuler en parlant n’importe comment. Les échanges peuvent être moqueurs ou rigolos. Les débats peuvent être parfois cruels. La tonalité des expressions est incendiaire. Une liberté d’expression qui incite à haine, à la vengeance. Le respect d’autrui est mis à rude épreuve par l’euphorie de cette liberté d’expression.
Les excès de langage sont devenus apparemment, une nouvelle forme de communication. Les règlements de comptes se font par médias interposés.
Les gouvernants se permettent de faire n’importe quoi. Ils s’expriment comme des voyous. Ils contredisent la vérité des faits. Certains vont jusqu’à légitimer la pratique des bandits. Ils ignorent toutes formes d’obligations de résultats. C’est le sauve qui peut !
Chacun semble avoir revendiqué sa part de liberté d’expression à l’haïtienne. Quitte à noyer les bonnes mœurs. Quitte à se défaire de nos valeurs ancestrales. Enfin, quitte à s’approprier indûment des maigres ressources de l’Etat.
Dans cette galère, tous ceux qui dénoncent l’incapacité de nos dirigeants à résoudre les problèmes du pays sont automatiquement taxés, d’assoiffées de pouvoir. Ma foi ! Comme s’il n’était pas permis de critiquer l’inaction des autorités.
Entre temps, circulez en Haïti devient périlleux. Restez chez soi n’est pas rassurant. Se déplacer vers une ville de province n’est pas garantie. Et s’exprimer comme on veut n’est pas sans risque.
La menace est totale. Elle s’étend à l’échelle du territoire national. Le citoyen ukrainien peut s’échapper de la région du Donbass afin d’éviter les bombardements de l’armée russe.
Mais le citoyen haïtien n’a nulle part où aller pour être en sécurité. Un leader communautaire Merinor Sanon est assassiné en pleine nuit dans sa localité à Draman, section communale Grand Boucan, commune de Mirebalais. Il a été enlevé en pleine nuit dans sa chambre. Sa tête a été emportée. Son corps sans vie gisait à même le sol au milieu des champs.
On pourrait dire qu’il s’agit là d’un cas isolé. Mais non ! C’est malheureusement, une pratique récurrente dans les campagnes haïtiennes.
Pour cause , le gouvernement ne dispose aucune forme d’organisation pour assurer un minimum de sécurité aux habitants des campagnes. Pas plus qu’il ne se préoccupe de leur quotidien.
Les Casecs, autorités en charge des sections communales, sont dépourvus de moyens. Ils ne peuvent que constater les dégâts. Pis encore, les fonds destinés aux collectivités locales sont utilisés à d’autres fins par les tenants du pouvoir politique.
À quoi bon de vivre dans l’illusion d’une certaine liberté d’expression lorsque la liberté réelle est foulée aux pieds. La liberté se conquiert. Elle ne peut pas être une palabre ni une forme de redondance sans effet significatif.
Oui pour une éducation à la liberté. Non à la propagande sulfureuse. Notre liberté à tous, haïtiens, ne peut être qu’effective qu’à partir d’un engagement acharné. Nous devons nous débarrasser de toutes compromissions malveillantes. Il nous faut réinventer le courage d’Antenor Firmin. La vision du président Estimé. La notoriété du président Lesly Manigat.
Nous devons toujours avoir à l’esprit que l’acte de l’indépendance nous confère un héritage. Mais notre liberté en tant que peuple peut ne pas être éternelle. La liberté d’un peuple où d’un pays peut être remise en question sous d’autres formes de privation. Certes, le système esclavagiste a fait son temps, mais les pratiques d’exploitations et des privations de liberté demeurent.
Ne cédons surtout pas à la résignation !
Bien sûr, l’insécurité qui sévit en Haïti n’est pas une fatalité. Mais faut-il que nous ayons les moyens pour renforcer les forces de sécurité. Faut-il également que nous ayons des autorités disposées à combattre l’insécurité.
Conséquemment, Il serait malsain de faire l’apologie de la dictature. Cependant, il est lamentable de constater qu’en passant de la dictature à la démocratie, Haïti ne cesse de plonger dans l’arbitraire.
En voulant nous approprier de la conception d’Abraham Lincoln de la démocratie : « Le gouvernement du peuple, par le peuple pour le peuple « , nous nous sommes fourvoyés, bien souvent, à confier le pouvoir aux insensés.
Et à force de donner libre cours à la liberté d’expression, nous nous sommes retrouvés dans la péninsule privation de notre liberté collective !
Mais enfin ! Qu’est-ce « qu’on a encore fait au bon Dieu » !