By: Rezo Nodwes 10 juillet 2022
Dimanche 10 juillet 2022 ((rezonodwes.com))– Le président et le Premier ministre sri-lankais ont accepté de démissionner après que des manifestants ont pris d’assaut les maisons des deux responsables et incendié l’un des bâtiments, furieux face à la grave crise économique du pays.
Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a déclaré qu’il quitterait ses fonctions une fois qu’un nouveau gouvernement serait en place
Le domicile de M. Rajapaksa a été pris d’assaut par des manifestants.
M. Rajapaksa avait quitté la résidence officielle vendredi par mesure de sécurité avant la manifestation prévue le week-end, ont indiqué deux sources du ministère de la Défense.
Les manifestants ont ensuite fait irruption dans la résidence privée du Premier ministre et y ont mis le feu, a déclaré le bureau de M. Wickremesinghe.
Mais quelle est cette crise économique qui a emporté Le Président et Le Premier Ministre au Sri lanka ?
La crise économique
Le Sri Lanka traverse actuellement une crise économique et politique de grande ampleur, qui a récemment abouti à un défaut de paiement de sa dette. Le pays est également presque vide de ses réserves de devises étrangères, ce qui réduit la capacité d’acheter des importations et fait grimper les prix intérieurs des biens.
Il y a plusieurs raisons à cette crise et les turbulences économiques ont déclenché des manifestations de masse et des violences à travers le pays. Ce visuel décompose certains des éléments qui ont conduit à la situation actuelle du Sri Lanka.
Une chronologie des événements
Les problèmes persistants au Sri Lanka sont apparus après des années de mauvaise gestion économique. Voici une brève chronologie examinant quelques-uns des facteurs récents.
2009
En 2009, une guerre civile de plusieurs décennies dans le pays a pris fin et le gouvernement s’est tourné vers la production nationale. Cependant, l’accent mis sur la production et les ventes locales, au lieu des exportations, a accru la dépendance à l’égard des produits étrangers.
2019
Des réductions imprévues de l’impôt sur le revenu ont été introduites en 2019, entraînant d’importantes pertes de recettes publiques, drainant un pays déjà à court de liquidités.
2020
La pandémie de COVID-19 a frappé le monde, provoquant des fermetures de frontières dans le monde et étouffant l’une des industries les plus lucratives du Sri Lanka. Avant la pandémie, en 2018, le tourisme représentait près de 5 % du PIB du pays et générait plus de 388 000 emplois. En 2020, la part du tourisme dans le PIB était tombée à 0,8 %, avec plus de 40 000 emplois perdus à ce stade.
2021
Récemment, le gouvernement sri-lankais a introduit une interdiction des engrais chimiques fabriqués à l’étranger. L’interdiction visait à contrer l’épuisement des réserves de devises étrangères du pays.
Cependant, avec seulement des engrais organiques locaux disponibles pour les agriculteurs, une mauvaise récolte massive s’est produite et les Sri Lankais ont ensuite été contraints de dépendre encore plus des importations, épuisant davantage les réserves.
avril 2022
Début avril de cette année, des manifestations massives appelant à la démission du président Gotabaya Rajapaksa ont éclaté dans la capitale du Sri Lanka, Colombo.
Mai 2022
En mai, des partisans pro-gouvernementaux ont brutalement attaqué des manifestants. Par la suite, le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, frère du président Rajapaksa, a démissionné et a été remplacé par l’ancien Premier ministre, Ranil Wickremesinghe.
juin 2022
Récemment, le gouvernement a approuvé une semaine de travail de quatre jours pour accorder aux citoyens une journée supplémentaire pour cultiver de la nourriture, alors que les prix continuent de grimper. L’inflation alimentaire a augmenté de plus de 57 % en mai.
De plus, la hausse des prix des céréales causée par la guerre en Ukraine et la hausse des prix du carburant dans le monde ont contribué à une situation déjà désastreuse au Sri Lanka.
Les informations clés
« Notre économie s’est complètement effondrée. »
LE PREMIER MINISTRE RANIL WICKREMESINGHE AU PARLEMENT LA SEMAINE DERNIÈRE.
L’une des principales causes de la crise économique au Sri Lanka est la dépendance à l’égard des importations et le montant dépensé pour celles-ci. Regardons les chiffres :
Importations totales 2021 = 20,6 milliards de dollars US
Importations totales de 2022 (jusqu’en mars) = 5,7 milliards de dollars américains
En revanche, les niveaux de réserves de devises les plus récents signalés dans le pays s’élevaient à 50 millions de dollars, après avoir chuté de 99 %, contre 7,6 milliards de dollars en 2019.
Certaines des principales importations en 2021, selon la banque centrale du pays, étaient :
Pétrole raffiné = 2,8 milliards de dollars
Textiles = 3,1 milliards de dollars
Produits chimiques = 1,1 milliard de dollars
Aliments et boissons = 1,7 milliard de dollars
Bien sûr, sans argent pour acheter ces biens à l’étranger, les Sri Lankais font face à une situation de plus en plus dramatique.
De plus, la dette que Sri Lanka a contractée est énorme, ce qui entrave davantage sa capacité à augmenter ses réserves. Récemment, ils ont fait défaut sur un prêt de 78 millions de dollars auprès de créanciers internationaux, et au total, ils ont emprunté 50,7 milliards de dollars.
La principale source de leur dette est de loin due aux emprunts sur le marché, suivis de près par les prêts contractés auprès de la Banque asiatique de développement, de la Chine et du Japon, entre autres.
Ce que cela veut dire
Le Sri Lanka abrite plus de 22 millions de personnes qui perdent rapidement la capacité d’acheter des biens de consommation courante. L’inflation à la consommation a atteint 39 % fin mai.
En raison de coupures de courant destinées à économiser de l’énergie et du carburant, les écoles sont actuellement fermées et les enfants n’ont nulle part où aller pendant la journée. Les manifestants appelant à la démission du président campent dans la capitale depuis des mois, faisant face aux gaz lacrymogènes de la police et aux réactions négatives des partisans du président Rajapaksa, mais beaucoup ont également réagi violemment au refoulement.
L’Inde et la Chine ont convenu d’envoyer de l’aide au pays et le Fonds monétaire international est récemment arrivé dans le pays pour discuter d’un plan de sauvetage. De plus, le gouvernement a envoyé des ministres en Russie pour discuter d’un accord sur les importations de pétrole à prix réduit.
Une préfiguration pour les pays à faible revenu
Les gouvernements ont besoin de devises étrangères pour acheter des biens à l’étranger.
Sans la possibilité d’acheter ou d’emprunter des devises étrangères, le gouvernement sri-lankais ne peut pas acheter les importations dont il a désespérément besoin, notamment les denrées alimentaires de base et le carburant, ce qui entraîne une hausse des prix intérieurs.
En outre, les défauts de remboursement des prêts découragent les investissements directs étrangers et dévaluent la monnaie nationale, rendant les emprunts futurs plus difficiles.
Ce qui se passe au Sri Lanka peut être un avant-goût inquiétant de ce qui va arriver dans d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire, alors que le risque de surendettement continue d’augmenter à l’échelle mondiale.
L’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) a été mise en œuvre par les pays du G20, suspendant près de 13 milliards de dollars de dette depuis le début de la pandémie jusqu’à la fin de 2021.
Crise économique au Sri Lanka – pays par niveau de surendettement
Certains pays DSSI et PFR confrontés à un risque élevé de surendettement comprennent la Zambie, l’Éthiopie et le Tadjikistan, pour n’en citer que quelques-uns.
À l’avenir, les prochaines étapes du Sri Lanka dans la gestion de cette situation serviront soit d’exemple utile pour d’autres pays à risque, soit d’avertissement qui mérite d’être pris en compte.
Remarque : La ventilation de la dette dans la visualisation principale représente l’encours total de la dette extérieure due aux créanciers étrangers plutôt que la dette totale.
