By: Rezo Nòdwès 13 juin 2022
«Nous devons mettre un terme à cette prise d’otage de la population. L’ingérence humanitaire, cette doctrine inspirée par le Saint Pape Jean-Paul II, sied à la réalité d’Haïti.
Lundi 13 juin 2022 ((rezonodwes.com))–En présence des membres du corps diplomatique, l’Évêque du diocèse de Miragoane/Anse-à-Veau, Mgr Pierre-André Dumas s’en est pris, selon lui, aux secteurs qui alimentent l’insécurité. Sans langue de bois, il a invité les organisations de défense des droits humains à laisser la Police nationale d’Haïti (PNH) remplir sa mission.
Le sermon du prélat haïtien a vibré, dimanche, l’amphithéâtre de l’École nationale de Police, à Frères, à l’occasion de la cérémonie œcuménique dédiée au 27ème anniversaire de la PNH. Mgr Pierre-André Dumas a chargé les politiques, les ambassades, les policiers ripoux qui tirent les ficelles de l’insécurité. Le cri du dirigeant catholique résonne comme un appel face à la détresse que vit la population livrée à elle-même.
«Les assassins circulent dans la ville. Ils se font passer comme maîtres de notre ville. Ils sont parfois soutenus par des politiciens, même parfois par des gens d’Église, des mafieux, ils sont parfois soutenus par des criminels de grand chemin, mais aussi des criminels transnationaux, quelques fois même ils sont soutenus par des ambassades, parfois même ils sont protégés par des policiers imprudents»_, a dénoncé Mgr Dumas.
Le message de l’évêque catholique tranchait avec la situation intenable exprimée par des milliers de citoyens affectés par la crise, au grand mépris des autorités « établies ». Le responsable du diocèse de Miragoane/ Anse-à-Veau rappelle que depuis plus d’un an, 5 départements géographiques sont coupés de l’Ouest du reste du pays. Aucune fierté n’est à mettre à l’actif de cette célébration, soutient le leader ecclésial. Les autorités sont appelées à partir à la rencontre de la population civile pour adresser l’insécurité, préconise-t-il. Il revient aux forces vives de la nation, non aux amis d’Haïti, de faire front commun contre le mal du banditisme et de la criminalité.
La sécurité, élément sensible, revêt d’un intérêt souverain, rappelle le Mgr Dumas, soulignant dirigeants politiques la nécessité d’encadrer la PNH.
«La volonté d’accompagner la PNH doit être clairement exprimée. Dans le budget national, des actions à renforcer la PNH dans ses capacités opérationnelles doivent être exprimées. Il nous faut une institution policière digne et à la hauteur de sa mission», déclare-t-il.
À l’instar des secteurs politiques, des ambassades accréditées en Haïti, le secteur des droits humains est invité à changer de cap. Pour le membre de la Conférence des évêques d’Haïti (CEH), les organisations de défense des droits humains doivent laisser à la PNH le soin de faire son travail. Il plaide pour la fin des zones de non droit.
«Nous devons mettre un terme à cette prise d’otage de la population. L’ingérence humanitaire, cette doctrine inspirée par le Saint Pape Jean-Paul II, sied à la réalité d’Haïti. Cette thèse permet de mettre les bandits hors d’état de nuire».
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com.