By Rezo Nodwes -13 décembre 2021
Depuis plusieurs décennies, la société haïtienne est confrontée à différentes formes de crises : politique, sociale, économique et la crise des valeurs. Presque toutes les couches sociales sont désorientées. Les valeurs sont effritées. C’est le nivellement des valeurs par le bas.
Lundi 13 décembre 2021 ((rezonodwes.com))–
Avec l’arrivée du dictateur sanguinaire François Duvalier à la tête du pays, les intellectuels n’ayant pas leur conscience et leur dignité à vendre n’ont pas le sommeil tranquille. Ils sont sauvagement persécutés. Ils ont vu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Certains sont torturés, assassinés, emprisonnés. D’autres ont pris le chemin de l’exil – fuite de cerveaux sans précédent. Et, jusqu’à date, la répression impitoyable et arbitraire contre l’intelligentsia haïtienne ne s’arrête pas. Il y a le Bâtonnier Monferrier Dorval qui allonge la liste des victimes de cette répression frénétique et épistémophobe.
Les valeurs intellectuelles sont banalisées. La bêtise, l’ignorance et l’incompétence sont promotionnées. Les épistémophiles comme l’étudiant Gregory Saint-Hilaire et le professeur Patrice Michel Derenoncourt sont tués au mépris de la vie humaine et de la dignité. Selon l’historien prolifique, Michel Soukar, c’est l’incompétence qui règne depuis plus de soixante ans dans le pays qui est à la base de nos souffrances. François Duvalier et tous les autres qui ont tenu les rênes du pays étaient des incompétents à l’exception de Leslie François Manigat.
Les valeurs morales comme le respect, la fraternité, la sincérité, la fidélité, la pudeur et l’honneur sont ignorées. Le respect d’une promesse, le respect des règles d’un jeu, le respect de la parole donnée, le respect de soi et le respect de l’autre sont à marchander. Personne ne sait qui est qui. Adultes et enfants se confondent comme un mélange homogène. On fait ce qu’on veut sans égard des normes sociétales. C’est l’irrespect total.
La fraternité résonne l’idée selon laquelle tous les humains, hommes et femmes sont frères et sœurs et doivent se comporter comme tels. C’est le sens de notre devise en tant qu’haïtien selon l’article 4 de la Constitution : « La devise nationale est : Liberté-Egalité-Fraternité », mais c’est la méchanceté, la discrimination, le rançonnement, la criminalité, le kidnapping, le vol, le viol, l’anthropophagie qui emportent sur la fraternité.
Pour bon nombre d’haïtiens, la question de sincérité, de fidélité, de pudeur et d’honneur sont que des banalités dénuées de sens. C’est la matière qui compte. L’argent est roi. Leur conscience et leur dignité sont au plus offrant. C’est le culte de l’argent. On fait tout pour en avoir. Autrefois, quand quelqu’un vole, toute sa famille est frappée d’infamie, mais aujourd’hui, sans embarras, sans honte aucune, on affirme haut et fort être voleur. La majorité de nos dirigeants sont soupçonnés de vol. N’est-ce pas leurs parents, leurs époux, leurs enfants sont fiers d’eux ? N’est-ce pas des amis flatteurs rôdent autour d’eux ? Les vices deviennent des vertus.
Les institutions qui charrient et transmettent les valeurs telles que : la famille, l’école,
l’église, la presse, les partis politiques sont pourries. Elles ont failli à leur mission ce qui entraîne la dégénérescence des valeurs sur lesquelles repose la société. La famille, première
école des vertus sociales est en décomposition. Les parents sont démissionnés. C’est la débâcle au plus haut point. L’école a perdu sa vocation qui est celle d’éduquer. Se lajan y’ap jere. L’église, communauté de valeurs chrétiennes est devenue bordel. La presse est noyée dans des divagations. Quant aux partis politiques, c’est la descente aux enfers.
Y a-t-il de quoi à espérer de cette société dont les valeurs sont systématiquement ébranlées sur toutes les formes ? L’avenir dira le reste.
Marius MARECHAL Tél. : (509) 38 00 4198
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