La pratique de violences sexuelles se répand dans l’Artibonite

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Ce phénomène se répand de plus en plus dans le département de l’Artibonite, a appris Le National. Au su et au vu des autorités, la liste des victimes de viols ne fait qu’allonger au quotidien. Aux Gonaïves, au moins huit cas de viols sont recensés par semaine. Face à cette situation, l’Institut bien-être social et de recherche, par l’entreprise de son directeur départemental, lance un cri d’alarme.

La plupart des victimes sont non seulement des mineures, mais surtout des gens à mobilité réduite. Souvent fois, ces dernières sont victimes par des proches de la famille, des professeurs d’école et même des autorités… Selon le responsable de l’IBERS, la commune de Gros-Morne, entre autres, est très réputée par ce genre de pratique. « Là-bas, en pleine salle de classe des enseignants abusent de leurs élèves. C’est inadmissible » déplore Jean Cindais

À saint Michel de L’Attalaye, une jeune femme à mobilité réduire a été victime de viol collectif. Pas moins de 6 personnes l’ont abusé sexuellement. Qui pis est, la jeune est tombée enceinte, après avoir été violée. Pour l’instant, les autorités n’ont aucune nouvelle de la victime. Entre temps, ses agresseurs sont encore dans les rues. Le responsable régional de l’IBSR a fait mention de tant d’autres cas de viols sur mineures répertoriés dans la commune ces derniers jours. « Je ne peux que les dénoncer », a déclaré Jean Cindais apparemment impuissant.

Unanimement, l’ensemble des organisations de défense des droits de femmes et de filles sur le terrain dénonce l’impunité judiciaire dont souvent bénéficient les bourreaux. Selon Patricia Cassamajor, la coordonnatrice du Collectif femmes de l’Artibonite (COFA), ce fléau constitue un véritable obstacle à la lutte contre la violence faite aux femmes. « Quel résultat concret pouvons-nous attendre si les actes de violence demeurent impunis ? Le pays dans son ensemble est en proie à cette mauvaise pratique. Et, si rien n’est fait, pour renforcer la justice, également pour améliorer la condition socioéconomique des femmes haïtiennes, d’ici peu, la culture du viol deviendra la norme dans notre société », a conclu la militante

Louisette Vertilus a plus de dix ans de carrière, la militante insiste qu’à sa connaissance pas même une seule plainte n’a abouti à une condamnation. Une façon à Mme Vertilus de justifier la faiblesse du système judiciaire haïtien.

Paradoxalement, à la place des bourreaux se sont les victimes qui ont peur de représailles, déplore la coordonnatrice de la Plateforme des femmes organisées pour le développement de l’Artibonite tout en indiquant que même les responsables d’organisations ne sont pas épargnés. « Nou konn sibi gwo menas anba men agresè yo », lâche-t-elle.


Réagissant à ce sujet, Me Wilnise Jacques, estime que la protection des femmes et des filles devrait être une priorité dans la région. Il y a célérité dans l’urgence, a poursuivi la coordinatrice de «Entre Femmes» brandissant l’augmentation inquiétante des cas de viols dans le département. À l’instar de ses paires, Me Jacques dénonce le fléau de l’impunité qui gangrène notre société.

En dépit des efforts déployés par les organisations féministes de la place, la liste des victimes de violences sexuelles ne cesse de s’allonger dans le département. Les communes de Gros-Morne, Saint Michel de l’Attalaye, Saint Marc, Gonaïves, Dessalines sont les plus touchées, a-t-on appris.

Dieulivens JULES
jdieulivens@gmail.com