L’ONU presse le gouvernement haïtien d’organiser des élections générales

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By: Pierre Emmanuella TANIS

La Chef du Bureau des Nations Unies en Haïti, Helen Meagher La Lime juge impératif l’organisation des élections locales, parlementaires et présidentielle

Lors d’une réunion tenue ce 18 juin par le conseil de sécurité de l’ONU, la Chef du Bureau intégré des Nations Unies dans le pays (BINUH) a jugé « impératif » que les élections locales, parlementaires et présidentielle aient lieu, comme prévu, à l’automne de cette année.

Toutes les parties doivent de toute urgence mettre de côté leurs différends et travailler ensemble pour s’attaquer aux problèmes politiques prolongés et aux questions structurelles et sociales qui empêchent les progrès du pays, a déclaré Helen la Lime, informant le Conseil du report du référendum constitutionnel qui devait avoir lieu à la fin de ce mois.

“Je suis honorée d’avoir encore une fois l’occasion de m’adresser à vous en personne et de faire le point sur la situation en Haïti, où les conditions se sont détériorées à l’approche des élections prévues pour l’automne. Ces dernières semaines, le pays a connu une recrudescence des cas de COVID-19 qui a incité les autorités à déclarer un nouvel état d’urgence sanitaire et a par conséquent conduit le Conseil électoral provisoire à reporter le projet de référendum constitutionnel qui devait avoir lieu à la fin de ce mois”, a affirmé La Lime dans son discours de circonstance.

“La recrudescence de la violence entre gangs a provoqué le déplacement de centaines de familles dans plusieurs quartiers pauvres de Port-au-Prince et a aggravé le sentiment d’insécurité qui est ancré au sein de la société haïtienne. Malgré plusieurs efforts de médiation menés par des Haïtiens, la crise politique profondément enracinée qui a frappé le pays pendant la majeure partie des quatre dernières années ne montre aucun signe de ralentissement. Un accord politique reste insaisissable, alors que la rhétorique utilisée par certains dirigeants politiques devient de plus en plus acrimonieuse”, a t elle ajouté.

“Même si les autorités nationales ont cherché à élargir les consultations sur le nouveau projet de constitution, le processus continue de susciter des critiques de la part de diverses parties prenantes en raison de son manque perçu d’inclusivité et de transparence. Les préparatifs techniques du référendum ont également été entravés par des retards opérationnels critiques”, a fait savoir La Lime.

“De plus, la polarisation toujours croissante de la politique haïtienne, comme en témoignent certains acteurs exhortant récemment la population à recourir à la violence pour perturber le processus référendaire, est extrêmement préoccupante. Toutes les parties prenantes doivent s’abstenir de tels discours incendiaires. Toutes les formes de violence ou d’incitation à la violence sont inacceptables et doivent être fermement condamnées.

Alors qu’Haïti se prépare à entrer dans un nouveau cycle électoral, un processus inclusif et participatif sera essentiel pour consolider la voie vers la bonne gouvernance et la stabilité politique dans le pays. A cet égard, le débat sur le référendum constitutionnel ne doit pas nuire à l’organisation et à la tenue en temps voulu des élections législatives et locales en retard, ainsi que de l’élection présidentielle.”

La Lime croit qu’un consensus politique reste le meilleur moyen possible pour tenir un processus pacifique qui permettra au peuple haïtien d’exercer pleinement son droit de vote. Il est de la plus haute importance que tous les dirigeants politiques et de la société civile s’engagent dans un dialogue de bonne foi pour concevoir de manière constructive un moyen de garantir que les élections aient lieu au cours de cette année civile, afin qu’un transfert démocratique ordonné du pouvoir aux représentants dûment élus par le peuple haïtien se produise en février 2022.

Parlant d’un « pays aux abois », Chantal Hudicourt Ewald, ancienne membre de l’Assemblée constituante haïtienne, a prévenu que le contexte « polarisé » en Haïti rend « très difficile, pour ne pas dire impossible », de mobiliser la population pour un quelconque processus électoral. La première préoccupation de la population, majoritairement pauvre, est de satisfaire ses besoins primaires et d’échapper aux gangs, aux vols, aux viols et aux crimes. La population haïtienne, a alerté l’avocate, ne croit pas en la volonté et en la capacité des responsables politiques de combattre l’insécurité.

Nous sommes conscients, a assuré le Premier Ministre par intérim, M. Claude Joseph, de « l’extrême complexité de la situation » et le Gouvernement prend toutes les dispositions nécessaires pour enrayer le problème du banditisme.

L’exécutif assume aussi ses responsabilités, en se concentrant sur l’organisation des élections avant la fin de l’année, en vue de renouveler le personnel politique, de remettre en fonctionnement les institutions démocratiques et d’assurer le transfert du pouvoir à un « président légitimement élu » le 7 février 2022.Claude Joseph a imputé l’instabilité politique récurrente à la Charte fondamentale de 1987, « complètement en déphasage par rapport aux réalités historiques et socioculturelles du pays ».