La policière Kim Potter accusée d’homicide involontaire

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(Minneapolis et Washington) La policière qui a abattu un jeune homme noir près de Minneapolis a été inculpée mercredi puis libérée sous caution, après trois nuits de manifestations émaillées de violences dans la métropole du nord des États-Unis.

Publié le 14 avril 2021 à 12h40 Mis à jour à 19h50

BEN SHEPPARD ET CHARLOTTE PLANTIVE
AGENCE FRANCE-PRESSE

Kim Potter, inculpée d’« homicide involontaire », a été incarcérée mercredi puis remise en liberté en fin d’après-midi, contre le versement d’une caution qui avait été fixée à 100 000 dollars.

Elle sera présentée à un juge jeudi pour une audience préliminaire, selon des médias locaux.

La policière blanche de 48 ans risque jusqu’à 10 ans de prison, si elle est condamnée.

Kim Potter a ouvert le feu dimanche sur Daunte Wright, un Afro-Américain de 20 ans, lors d’un banal contrôle routier à Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis. Elle a assuré ensuite avoir confondu son arme de service avec son pistolet électrique Taser.

« Nous avons l’intention de prouver que l’agente Potter a négligé sa responsabilité de protection du public quand elle a utilisé son arme de service plutôt que son Taser », ont commenté les services du procureur Peter Orput.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE L’AVOCAT BEN CRUMPDaunte Wright, la victime

Affrontements

Le drame a ravivé les tensions à Minneapolis, où se déroule actuellement le procès du policier blanc Derek Chauvin, jugé pour le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd. Le 25 mai 2020, l’agent était resté agenouillé pendant près de 10 minutes sur le cou du quadragénaire noir, dont le supplice, filmé, avait entraîné des manifestations géantes dans le monde entier.

Soucieux d’éviter un nouvel embrasement à Minneapolis, où plusieurs commerces et un commissariat avaient brûlé en mai, les autorités avaient décrété dès dimanche soir un couvre-feu et appelé des renforts de la Garde nationale.

Malgré ce dispositif, des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants ont eu lieu chaque nuit depuis dimanche.

La famille de Daunte Wright a pris acte mercredi des poursuites engagées à l’encontre de la policière, mais a critiqué ses justifications : « Une agente avec 26 ans d’expérience sait faire la différence entre un Taser et une arme à feu », a écrit leur avocat Ben Crump dans un communiqué.

« On va continuer à se battre afin d’obtenir justice pour Daunte, sa famille et toutes les personnes de couleur marginalisées. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu de réelles réformes de la police et de la justice », a ajouté MCrump, qui défend aussi la famille Floyd.

Sans se prononcer sur ce dossier, la Maison-Blanche a estimé que « les forces de l’ordre faisaient trop souvent usage d’une force pas nécessaire et que cela conduisait trop souvent à la mort d’Afro-Américains » et a reconnu « le besoin de réformes ».

Bataille d’experts

Minneapolis attend par ailleurs avec appréhension le verdict du procès de Derek Chauvin.

Après deux semaines accablantes pour la défense, l’avocat du policier a marqué des points mercredi avec le témoignage d’un médecin légiste qui a contredit les experts produits par l’accusation.

David Fowler, qui a longtemps supervisé les services de médecine légale de l’État du Maryland, a estimé que le quadragénaire noir était mort d’un arrêt cardiaque et non par asphyxie, comme l’ont assuré un pneumologue et un cardiologue appelés à la barre la semaine dernière.

Pour lui, le cœur s’est arrêté en raison de problèmes de santé préalables, notamment d’une hypertension qui avait fait grossir le cœur de George Floyd et de problèmes aux artères. L’ingestion de drogues, mais également l’inhalation de gaz d’échappement pendant son arrestation, « ont ajouté de l’adrénaline à ce mélange et empiré les choses », a ajouté le DFowler.

Vendredi dernier, le médecin Andrew Baker, qui a réalisé l’autopsie de George Floyd, avait confirmé les problèmes de santé du quadragénaire et la présence de fentanyl, un puissant opiacé, et de méthamphétamine dans son organisme. Mais pour lui, ces facteurs ne sont pas « les causes directes » de la mort, qui restent le manque d’oxygène dû à la compression du cou.

Le procureur Jerry Blackwell a procédé à un contre-interrogatoire serré du DFowler, et lui a notamment fait admettre qu’une asphyxie ne laissait pas de traces visibles à l’autopsie.

Le jour du drame, Derek Chauvin avait maintenu son genou sur le cou de l’Afro-Américain, plaqué au sol et menotté, même une fois celui-ci devenu inconscient et son pouls indétectable.

Malgré les images sans équivoque du drame, et la multitude de témoins qui ont défilé contre son client, MEric Nelson espère créer des doutes dans l’esprit d’au moins un juré et éviter une condamnation de son client. S’ils ne sont pas unanimes, le procès sera déclaré nul, et la procédure devra recommencer.

Le jury devrait se retirer lundi pour délibérer.