Le pays marche à reculons tandis que tous les moyens pour provoquer des décaissements sont utilisés
Vendredi 11 mai 2018 ((rezonodwes.com))– Comme Haïti est un pays vraiment singulier. Il s’est révélé au fil du temps et surtout au cours de ces derniers temps encore plus singulier dans le choix de ses dirigeants, dans le choix des politiques de gouvernance qui, si je ne m’abuse, ne tendent vers aucun résultat probant ni à court, ni à long terme. Si seulement ce à quoi l’on assiste actuellement était annoncé dans l’énoncé de la politique générale du Premier Ministre, un vote de non confiance aurait scellé le sort de la séance. Ce qui aurait contraint le président à proposer un autre homme plus dynamique et moins effacé.
Non, il a fallu annoncer l’arrivée imminente des jours nouveaux et sereins pour créer l’espoir et convier la nation à livrer son destin, mains et pieds liés, aux caprices de l’actuel pouvoir. Diriger c’est quoi ? C’est un exercice de pensée, d’élaboration et de planification en vue d’atteindre tel objectif bien déterminé ou d’aboutir à tel résultat donné pour le plus grand bien des citoyens toutes catégories confondues. En Haïti le gouvernement est au service de qui ? De toute façon pas au service du peuple, détenteur authentique et légitime du pouvoir qui l’a délégué et perdu le jour de la proclamation des résultats.
Il serait peut-être sensé d’admettre que le système démocratique qui prévaut chez nous n’est qu’un leurre, un trompe l’œil, un faux discours élaboré juste pour alléger psychologiquement la misère de la majorité, la convaincre de l’existence d’une dignité d’homme que les forces réactionnaires piétinent à longueur de journée sans aucune crainte et aucune peur d’insoumission. Cet état des lieux que ma plume a accouché m’invite à la réflexion suivante qui me stupéfie réellement : Sommes-nous sous un nouveau type de colonisation ou d’occupation où les français ou les américains ont été remplacés par les commandeurs noirs les plus impitoyables que l’on sait en la personne du président, du premier ministre, des ministres, des sénateurs et des députés ?
Le peuple haïtien est de nouveau entravé dans les fers de la servitude sans même s’en rendre compte. La différence dans l’exercice du pouvoir en Haïti et ailleurs est que chez nous en Haïti c’est le peuple qui est au service du gouvernement alors que le principe fondamental veut que c’est le gouvernement qui doit être au service du peuple. Et j’en suis indigné tout en me permettant de comprendre pourquoi le peuple est tenu dans son ignorance.
Les deux paragraphes ci-dessus consistaient à mettre les lecteurs en situation face au décaissement d’un cachet de 35 millions de dollars en faveur du Ministère du tourisme. Je présume qu’à l’instar de tous les ministères, le budget de l’exercice fiscal courant n’a pas laissé ce ministère sur le pavé et qu`il a eu droit à son pactole. Un ajout vient de lui être octroyé pour redynamisation du secteur. Cette somme a été décaissée grâce à des études élaborées pour rendre ce segment de marché plus performant et donc plus productif, sans doute.
Les besoins à satisfaire dans le domaine sont si nombreux que cet ajustement est loin de répondre à toutes ses attentes. Cependant il apporte de l’eau au moulin et s’il est géré avec ingéniosité et sans esprit de lucre prononcé, le fossé qui doit être comblé s’amenuisera graduellement au point que les efforts ultérieurs le feront disparaître. Pour ce faire être haïtien et fier de l’être en est la condition sine qua non. Or le dilemme est que tous les habitants de ce pays y sont simplement en transit.
Ma dernière visite approfondie de Bassin Bleu où j’ai passé toute une journée m’a fait couler des larmes. Un site touristique d’une si grande valeur marchande devrait être un souci constant pour le ministère. L’accès mérite d’être pris en considération, le bureau d’accueil plus attrayant et plus aéré, le responsable pourrait bénéficier au moins d’un ordinateur, le registre d’inscription des visiteurs plus invitant, délivrer des reçus de visite et de stationnement, doter les lieux de vraies et solides installations sanitaires munies de douches. Une vraie mine d’or laissée à elle-même. Si le palais Sans-souci, la Citadelle pouvaient tirer profit de cette manne, l’industrie touristique en sortirait grandie. Entre autre, où est l’ISPAN? Pourquoi L’ISPAN?
Le pays marche à reculons tandis que tous les moyens pour provoquer des décaissements sont utilisés. Alors que tout le monde sait que c’est au Secrétariat de la Sécurité publique que revient le rôle de gardien de la paix et de l’ordre avec la police comme auxiliaire, un vent d’insécurité et de panique semble souffler sur tous les corps de l’Etat qui pour tout déplacement réclament des frais pour la sécurité et généralement les obtiennent. Les services d’investigation sont constamment en condition dans le pays, ce qui fait gonfler outre mesure les factures pour la protection de nos dirigeants qui malheureusement ne servent pas à grande chose au pays et aux citoyens.
On dit que la conscience à elle-seule est à même de transformer un homme à condition qu’il en soit pourvu. Puis-je me permettre d’avancer que le décalage hautement significatif entre l’état dégradant d’insalubrité qui règne sans que nulle autorité en soit troublée en dehors de Wilson Jeudi, maire de Delmas. Les gaspillages des deniers publics dont nos hommes politiques en sont les champions et l’incurie qui constitue leur marque de commerce constituent les preuves de leur culpabilité et leur font craindre le pire en toute circonstance.
Garry Muzeau
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