Lundi 6 avril 2020 – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie de nouvelles orientations pour aider les pays à déployer plus largement le traitement préventif de la tuberculose et éviter ainsi que les personnes ayant une infection tuberculeuse tombent malades.
D’après les estimations, un quart de la population mondiale serait infectée par le bacille tuberculeux. Ces personnes ne sont ni malades ni contagieuses. Cependant, elles risquent davantage de développer la tuberculose-maladie, en particulier si leur système immunitaire est déjà affaibli. Le traitement préventif permettra d’empêcher qu’elles tombent malades tout en réduisant le risque de transmission dans la population générale.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2020, la maladie demeure l’infection la plus meurtrière au niveau planétaire. En 2018, 10 millions de personnes sont tombées malades de la tuberculose, qui a coûté la vie à 1,5 million de personnes.
« La COVID-19 montre combien les personnes qui ont une maladie pulmonaire et un système immunitaire affaibli peuvent être vulnérables », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Le monde s’est engagé à mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 : une meilleure prévention est indispensable pour y parvenir. Des millions de personnes doivent pouvoir prendre un traitement préventif afin d’empêcher l’apparition de la maladie, d’éviter des souffrances et de sauver des vies. »
Le Dr Tedros a souligné qu’il est indispensable, lors de flambées mondiales comme celle de la COVID-19, de continuer à agir face aux problèmes de santé qui perdurent, dont la tuberculose. Parallèlement, on peut s’appuyer sur les programmes existants contre la tuberculose et d’autres grandes maladies infectieuses pour agir plus efficacement et rapidement contre la COVID-19.
Même si des progrès ont été accomplis vers les cibles fixées à la réunion de haut niveau des Nations Unies pour mettre fin à la tuberculose, en 2018, le traitement préventif de la tuberculose a été largement négligé. Les dirigeants mondiaux se sont engagés à garantir l’accès au traitement préventif de la tuberculose pour au moins 24 millions de contacts de personnes ayant une tuberculose évolutive, et pour 6 millions de personnes vivant avec le VIH, d’ici à 2022. Nous sommes loin du compte aujourd’hui : en 2018, les pays ont placé sous traitement préventif moins de 430 000 contacts dans le foyer et 1,8 million de personnes vivant avec le VIH.*
La tuberculose reste la principale cause de décès chez les personnes atteintes du VIH. Le traitement préventif agit en synergie avec le traitement antirétroviral pour prévenir la tuberculose et sauver des vies. Les gouvernements, les services de santé, les partenaires, les donateurs et la société civile devront redoubler d’efforts pour faciliter l’accès au traitement préventif de la tuberculose et atteindre les cibles.
Ces nouvelles lignes directrices consolidées recommandent toute une gamme d’approches novatrices pour renforcer l’accès au traitement préventif de la tuberculose :
- L’OMS recommande d’intensifier le traitement préventif de la tuberculose parmi les populations les plus à risque, y compris les contacts de patients tuberculeux au sein du foyer, les personnes vivant avec le VIH et les autres personnes à risque ayant une immunité réduite ou vivant dans des lieux très fréquentés.
- L’OMS recommande d’intégrer les services de traitement préventif de la tuberculose aux initiatives actuelles de recherche des cas de tuberculose évolutive. Tous les contacts de patients tuberculeux au sein du ménage, ainsi que les personnes vivant avec le VIH, doivent être dépistés pour la tuberculose évolutive. Si la maladie est exclue, un traitement préventif doit être entamé.
- Pour dépister l’infection tuberculeuse, l’OMS recommande d’utiliser soit le test cutané à la tuberculine, soit le test de détection de l’interféron gamma. Ces deux moyens de dépistage sont utiles pour trouver les personnes qui tireraient le plus grand bénéfice du traitement préventif, mais ne doivent pas empêcher de renforcer l’accès. Pour les personnes vivant avec le VIH et pour les enfants de moins de 5 ans en contact avec des personnes ayant une tuberculose évolutive, le dépistage de l’infection tuberculeuse n’est pas requis avant d’entamer le traitement préventif.
- L’OMS recommande de nouveaux schémas plus courts de traitement préventif, en plus du schéma classique reposant sur l’administration quotidienne d’isoniazide pendant 6 mois. Ces options thérapeutiques sont : l’administration quotidienne de rifapentine et d’isoniazide pendant 1 mois, l’administration hebdomadaire de rifapentine et d’isoniazide pendant 3 mois, l’administration quotidienne de rifampicine et d’isoniazide pendant 3 mois et l’administration quotidienne de rifampicine seule pendant 4 mois.
« Alors que, partout dans le monde, les gens s’unissent pour commémorer la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, l’OMS appelle les gouvernements, les communautés touchées, les organisations de la société civile, les prestataires de soins, les donateurs, les partenaires et l’industrie à unir leurs forces et à renforcer l’action – en particulier pour le traitement préventif – afin que personne ne soit laissé de côté », a déclaré la Dre Tereza Kasaeva, Directrice du Programme mondial de lutte contre la tuberculose. « Ces nouvelles orientations de l’OMS montrent la voie à suivre pour que des millions de personnes aient rapidement accès à de nouveaux outils et à des schémas plus courts et plus sûrs de traitement préventif. Il faut agir dès maintenant. »
Le traitement préventif est une intervention peu coûteuse qui peut empêcher les familles de sombrer dans la pauvreté et préserver la santé et l’économie de communautés entières. L’OMS prévoit qu’à mesure que de nouveaux médicaments plus sûrs vont arriver sur le marché, et que les prix vont chuter, cela deviendra un moyen très efficace de sauver des millions de vies.