Dimanche 2 février 2020 – Quand un brillant universitaire-économiste laisse la profession pour se diriger vers la politique, on ne peut s’empêcher de ressentir un pincement intellectuel. Ce fut le cas pour moi lorsque Wilson Laleau m’annonça sa marche politique auprès du Président Michel Joseph Martelly.
Qu’allait devenir cet esprit théoriquement alerte quant à la réalité économique de notre pays ?
C’est avec cette question en tête que j’ai entrepris la lecture de son livre, HAÏTI, PETRO-CARIBE ET SES DÉRAISONS. Aucun universitaire-économiste ne sera déçu car le livre foisonne d’idées, de projets, d’interprétations de la théorie économique avec lesquels je ne suis pas toujours en accord mais qui ont l’intérêt d’être posés en arrière- plan des conclusions.
À la lecture, on comprend que les idées étaient bien présentes, certaines bonnes, d’autres très bonnes. Ce qui a manqué, c’est une vue d’ensemble, une vision.
Wilson Laleau a fait partie d’une équipe à slogans. Il y eut « Haïti is open for business », « Haïti, pays émergent à l’horizon 2030 ». Ces slogans n’étaient pas accompagnés d’un calendrier ordonné de mesures, d’étapes rigoureuses à suivre, de nouveaux rapports économiques destinés à garantir que l’objectif sera atteint.
Les différents projets initiés par Wilson Laleau au Ministère du Commerce et de l’Industrie ou au Ministère des Finances et de l’Économie étaient tournés vers le modernisme. Le côté moyenâgeux de l’ordre établi se devait de prendre du recul.
Il y avait d’une part un désir de rigueur dans les échanges, d’autre part, une manne PETRO-CARIBE dépensée sans vergogne, malgré les huit (8) étapes de contrôle par différents organismes étatiques telles qu’elles ont été explicitées dans le livre. Cette manne reposait sur des années de pratique rétrograde au sein de l’appareil étatique. Dès lors, la question « kot kob PETRO-CARIBE » trouve sa réponse.
De plus, durant la présidence de Monsieur Martelly, de nombreux programmes sociaux ont été financés par les fonds PETRO-CARIBE. On se rappelle les programmes « Ti manman Cheri » ou Kore etidyan » pour ne citer que ceux -là. Ces programmes ont été sans doute porteurs de popularité et de soulagement pour la frange de la population à laquelle ils étaient destinés.
Ils ont aussi été à effet négatif sur le PIB du pays. Ils n’étaient pas des éléments conducteurs à « Haïti, pays émergent à l’horizon 2030 ». Certains économistes haïtiens l’avaient souligné à l’époque. Par contre, on sait peu des orientations qui ont conduit aux décaissements à partir des fonds PETRO-CARIBE durant les présidences de Monsieur Préval ou de Monsieur Privert.
Avec ce livre, Wilson Laleau nous revient, à nous la communauté des universitaires-économistes, car l’expérience qu’il décrit, est désormais un passage obligé de tout enseignement destiné à inculquer à la génération future, c’est-à-dire aux futurs dirigeants haïtiens le sens des responsabilités et les vraies zones de changement dans notre panorama administratif.
Kathleen Dorsainvil Ph.D.
Janvier 2020