Paris, le 17 janvier 2020.
Cher Mathias.
Je t’écris ces quelques lignes depuis mon exil doré en France. Comme bon nombre des membres de la diaspora haïtienne, j’aurais bien aimé , en ce moment même, être à tes côtés dans ce nouveau combat, désormais le tien !
Ton combat contre l’impunité, la mauvaise gouvernance et la corruption qui gangrènent notre grande nation.
À tes débuts dans le militantisme, j’ai longuement hésité à te prendre au sérieux. J’avais, peur en effet , et à juste titre, que tu ne sois un futur candidat en campagne, comme avant toi, Gracia Delva, Jacques Sauveur Jean, Zokiki, Jean Bertrand Aristide pour ne citer qu’eux.
Une fois en responsabilité, ces ex militants autoproclamés des droits humains, ce sont révélés bien pire que ceux qu’ils dénonçaient.
Mon soutien comme futur candidat, sois en sûr, tu ne l’auras probablement jamais.
Si bien sûr, telle est ta volonté de te porter candidat dans un futur proche.
Contrairement aux idées reçues et très en vogue dans notre pays, je crois fermement que l’on peut être utile à son pays, sans être pour autant, Sénateur, Député ou Président de la République.
Toutefois, dans la volonté du pouvoir en place de te réduire au silence, je viens, par la présente, t’apporter un soutien public et sans faille.
Le pouvoir en place, par la voix de son appareil judiciaire au pas, cherche par tout moyen, à étreindre la flamme révolutionnaire qui s’est soudain, réveillée en toi.
Cher Mathias, en “vandalisant” les gerbes de la honte, déposés sur le monument érigé en hommage aux victimes du 12 janvier par Monsieur Moïse, tu as agi par procuration, d’abord au nom aux noms des trois cent mille morts de Goudou Goudou puis, en mon nom personnel.
Cette dictature en marche doit être dénoncée. Tu le fais au quotidien cher Mathias et sois en fier !
Dans leur folie, les dirigeants haïtiens font fi des principes les plus élémentaires des droits de la personne prévus par le droit positif haïtien et notamment, les accords et les traités internationaux auxquels nous sommes parties
Et en l’espèce, le principe d’égalité devant la loi, la liberté de conscience, la liberté d’opinion et j’en passe.
Comment un juge, garant des libertés, peut-il te poursuivre, sur le seul fondement de l’article 415 du code pénal ?
Comment ne pas s’étonner que ce même juge, laisse en liberté le sénateur ayant tiré à vue, sur un manifestant ou encore, ces sénateurs ayant avoué en public, avoir reçu des pots-de-vin en contre partie de leur vote ?
Que dire aussi, des dilapidateurs des fonds petrocaribe, le président en fonction y compris.
Désormais, seul dépositaire du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, Jovenel se voit en apprenti dictateur.
Tiens bon Mathias. Nous sommes déjà beaucoup à t’être reconnaissants.
Une chose est certaine, ton combat rentre dans la même lignée, que ceux menés il y a plus de deux siècles par nos aïeux, contre le colonialisme et le impérialisme européen.
Isaac Raphaël Dieuphene.