un survol des réflexions d’Edmond Paul par Patricia Fenelon
« Sous peine de contre-sens, il ne faut à la tête de l’État ni l’homme despote qui brise toutes les énergies, ni l’homme incapable qui souffle sur tous les mérites ».
LES ADMINISTRATEURS DU PEUPLE ONT LE DEVOIR D’ÊTRE JUSTES ; – ET LES CITOYENS ONT LE DROIT DE NE PAS ÊTRE TENUS PAR EUX DANS LA MISÈRE.
Lundi 13 janvier 2020 – Nous avons combattu hier, – nous combattrons demain, un rang après l’autre, tous, jusqu’au dernier, – toujours et encore pour le droit, – toujours et encore contre une existence misérable.
Notre lutte déjà vieille de quarante ans veut, en définitive, à l’ordre social – pour base : la Conscience ; – pour sommet : l’Esprit. La nature civilisable de l’homme eut-elle jamais, au reste, pour s’affirmer, ni un motif plus puissant ni une voie plus instinctive ?
Vouloir être juste et savoir être heureux, – n’est-ce pas là tout l’homme de son commencement à sa fin ? Eh bien, contre des actions de la sorte engendrées par nos besoins impérieux autant que naturels, Gouvernements, entendez-le enfin : Vous ne pouvez rien.
Tous les citoyens ensemble, nous formons une association. – À notre tête nous plaçons des gérants. – La conséquence qui nous domine c’est ceci les Administrateurs du peuple ont le devoir d’être justes ; – et les citoyens ont le droit de ne pas être tenus par eux dans la misère.
En d’autres termes, – le but de notre Société politique est double. – Il veut d’abord que la force publique, notre force collective, empêche que nul citoyen ne souffre aucunement de l’injustice du prochain. – Il veut ensuite que de la réunion de nos efforts individuels, que par la cohésion donnée à nos facultés primitives, se dégagent pour chacun une puissance plus grande, une lumière plus vive, des moyens d’être heureux.
Donc, sous peine de contre-sens, il ne faut à la tête de l’État ni l’homme despote qui brise toutes les énergies, ni l’homme incapable qui souffle sur tous les mérites.
Edmond Paul (Les causes de nos malheurs) – Lire Edmond Paul a été pour moi une expérience urticante. Il est impossible de le lire avec désinvolture tant que sa pensée est condensée et surtout d’une grande densité philosophique. Ce n’est pas sans raison que Antenor Firmin disait qu’il était la plus haute incarnation de notre conscience nationale. Un texte centenaire qui n’a pas pris de rides tant que les réflexions sont d’une brûlante actualité.
Que ce texte soit comme un ragot colporté par des millions de bouches haïtiennes. Un appel au peuple!
Patricia Fenelon