Les 30 ans des droits de l’enfant : des progrès qui profitent peu aux enfants les plus pauvres du monde

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18 novembre 2019

Des mesures immédiates et un réengagement en faveur des droits de l’enfant sont nécessaires pour éliminer les menaces ancestrales et émergentes.

Lundi 18 novembre 2019 – Publié dans le cadre des commémorations marquant le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, ce rapport s’intéresse aux résultats indéniables obtenus au cours des trois dernières décennies, qui démontrent qu’une volonté et une détermination politiques ont le pouvoir d’améliorer la vie des enfants. 

« Nous avons réalisé des progrès impressionnants en faveur des enfants au cours des trois dernières décennies – ces derniers sont de plus en plus nombreux à vivre plus longtemps, à vivre mieux et à vivre en meilleure santé. Cependant, les enfants les plus pauvres et les plus vulnérables continuent d’être désavantagés », affirme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. « Outre les défis persistants auxquels ils se heurtent dans les domaines de la santé, de la nutrition et de l’éducation, les enfants d’aujourd’hui doivent composer avec de nouvelles menaces, telles que les changements climatiques, les abus en ligne et la cyberintimidation. Seules l’innovation, les nouvelles technologies, une volonté politique et une augmentation des ressources nous permettront de faire de la vision de la Convention relative aux droits de l’enfant une réalité pour chaque enfant dans le monde. »

Énumérant les progrès réalisés dans le domaine des droits de l’enfant au cours des trois dernières décennies, le rapport observe que :

  • Le taux mondial de mortalité des enfants de moins de 5 ans a baissé de près de 60 % ;

  • La proportion d’enfants en âge d’aller à l’école primaire qui ne sont pas scolarisés est passée de 18 % à 8 % ;

  • Les principes directeurs de la Convention relative aux droits de l’enfant, à savoir la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à la vie, à la survie et au développement, et le droit à la protection, ont influencé un grand nombre de constitutions, de législations, de politiques et de pratiques à travers le monde.

Cependant, le rapport remarque également que ces progrès ne sont pas répartis équitablement.

  • Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les enfants des foyers les plus démunis sont deux fois plus susceptibles de mourir de causes évitables avant leur cinquième anniversaire que les enfants des foyers les plus aisés.

  • Selon des données récentes, seule la moitié des enfants des foyers les plus pauvres en Afrique subsaharienne sont vaccinés contre la rougeole, contre 85 % des enfants des foyers les plus riches.

  • En dépit d’une diminution des taux de mariages d’enfants dans le monde, dans certains pays, les filles les plus pauvres sont davantage exposées à cette pratique qu’elles ne l’étaient en 1989.

Le rapport souligne également les menaces ancestrales et émergentes qui touchent les enfants du monde entier :

  • La pauvreté, la discrimination et la marginalisation continuent de menacer des millions d’enfants parmi les plus défavorisés : les conflits armés, la montée de la xénophobie, les migrations mondiales et la crise des réfugiés ont tous eu des effets dévastateurs sur les progrès réalisés à l’échelle mondiale.

  • Sur le plan physique, physiologique et épidémiologique, les enfants sont les plus vulnérables aux effets de la crise climatique : les changements climatiques rapides favorisent la propagation des maladies, accroissent l’intensité et la fréquence des événements climatiques extrêmes et engendrent une insécurité dans les domaines de l’alimentation et de l’eau. Si nous n’agissons pas immédiatement, le pire reste à venir pour de nombreux enfants.

  • Bien que jamais autant d’enfants n’aient été vaccinés, le ralentissement de la progression des taux de couverture vaccinale au cours de la dernière décennie menace les résultats durement obtenus en matière de santé infantile : la couverture vaccinale contre la rougeole stagne depuis 2010, contribuant à la résurgence de cette maladie mortelle dans de nombreux pays. Près de 350 000 cas de rougeole ont été recensés en 2018, soit plus du double qu’en 2017.

  • Le nombre d’enfants déscolarisés stagne et les résultats d’apprentissage des enfants scolarisés restent faibles : à l’échelle mondiale, le nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés dans le primaire n’a pas évolué depuis 2007. Quant aux enfants scolarisés, la plupart n’acquièrent pas les connaissances de base, sans parler des compétences dont ils ont besoin pour réussir dans l’économie d’aujourd’hui.

Pour accélérer les progrès en faveur de la réalisation des droits de l’enfant, et pour en finir avec la stagnation et le recul de certains de ces droits, le rapport souligne la nécessité de produire davantage de données et d’éléments de preuve, de déployer à plus grande échelle des solutions et des interventions éprouvées, d’augmenter les ressources, d’impliquer les jeunes dans la cocréation de solutions, et d’appliquer les principes d’équité et d’égalité des genres dans les activités de programmation. Cependant, il reconnaît en outre que notre monde en rapide mutation requiert également de nouvelles modalités visant à gérer les possibilités et les défis émergents, et à faire de nouveau des droits de l’enfant une cause mondiale.

Pour atteindre ces objectifs, l’UNICEF prévoit, au cours des 12 prochains mois, de lancer un dialogue mondial sur les mesures à prendre pour que la promesse de la convention devienne une réalité pour chaque enfant. Ce dialogue sera inclusif et impliquera les enfants et les jeunes, les parents et les personnes qui ont la charge d’enfants, les professionnels de l’éducation et les travailleurs sociaux, les communautés et les gouvernements, la société civile, le monde universitaire, le secteur privé et les médias. Il influencera en outre les activités de l’organisation dans les temps à venir.

« La convention se trouve à la croisée des chemins entre son passé glorieux et son avenir potentiel. Il ne tient qu’à nous de renouveler notre engagement à son égard, de prendre des mesures décisives et de nous tenir responsables », affirme Henrietta Fore. « Nous devrions emboîter le pas aux jeunes qui font entendre leur voix et revendiquent leurs droits de manière totalement inédite. Nous devons agir immédiatement, avec audace et créativité. »