Haïti est sur le point de vaincre l’épidémie de choléra qui s’est déclarée il y a neuf ans mais la bataille est loin d’être terminée avant que le pays ne soit libéré de cette maladie mortelle
Samedi 16 novembre 2019 – Dans un éditorial publié dans The Miami Herald la semaine dernière, l’Envoyée spéciale de l’ONU, Josette Sheeran, a souligné qu’il n’y avait eu aucun cas de choléra confirmé en laboratoire dans tout le pays au cours des neuf derniers mois.
Selon elle, cet « énorme succès » est le résultat d’un partenariat stratégique novateur entre le gouvernement haïtien, l’ONU et les principales parties prenantes. En outre, cela s’est produit à un moment de multiples crises dans le pays, de ruptures de la chaîne logistique et alors que la présence de l’ONU était en transition.
L’ONU aurait dû répondre « plus efficacement »
« Lorsque le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pris ses fonctions en 2017, il a déploré que les Nations Unies, qui se sont excusées pour leur rôle dans l’épidémie, n’aient pas fait assez au début de la crise et qu’elles auraient dû réagir plus efficacement et plus rapidement. Nous avons fait depuis de gros efforts pour être les partenaires à part entière que mérite Haïti », a écrit Mme Sheeran.
Elle a précisé que l’ONU et ses partenaires travaillaient aux côtés des autorités haïtiennes pour développer une approche unifiée et une stratégie financière contre le choléra, avec plus de 700 millions de dollars investis depuis 2010.
Ce partenariat a permis de mettre en œuvre plusieurs approches novatrices qui ont conduit cette année à ce chiffre de zéro cas signalé en neuf mois.
« La première consistait à obtenir l’adhésion unifiée à une stratégie triennale détaillée pour mettre fin à l’épidémie, signée par le Premier ministre et moi-même, avec le soutien de toute une série de responsables chargés de la mise en œuvre, d’experts et de parties prenantes », a souligné Mme Sheeran. « Une telle stratégie est souvent absente dans la lutte contre les épidémies, mais j’ai jugé vital que toutes les personnes impliquées suivent le même plan de bataille ».
Modèle efficace pour les épidémies futures
Haïti manque d’infrastructures de soins de santé adéquates et des équipes d’intervention rapide ont été déployées dans toutes les zones touchées pour identifier, décontaminer, traiter et maîtriser les cas de choléra.
Entièrement composées d’Haïtiens, elles ont « stoppé la plus grande partie des transmissions et des décès », selon Mme Sheeran.
« Elles ont démontré que le choléra peut être maîtrisé en intervenant directement par le biais d’un système efficace d’alerte et de réponse au niveau de la communauté. Je crois que ce modèle peut être efficace dans d’autres épidémies à travers le monde », a-t-elle ajouté.
Le ministère haïtien de la Santé a également travaillé avec les agences des Nations Unies pour créer un réseau de surveillance efficace. La capacité des laboratoires nationaux ainsi que la capacité de transport des échantillons se sont améliorées, de sorte que près de 98% des cas suspects et un nombre important de cas non suspects sont maintenant testés.
L’envoyée de l’ONU a exhorté la communauté internationale à poursuivre ses efforts en vue d’arriver à un Haïti sans choléra. Avec un déficit de financement d’environ 20 millions de dollars jusqu’en 2022, le temps manque.
« Si Haïti est maintenant est proche de vaincre l’épidémie de choléra, la bataille n’est pas encore gagnée », a-t-elle déclaré. « Alors que le pays continue de faire face à des troubles et à une situation politique difficile, nous devons protéger les acquis obtenus pour les hommes, les femmes et les enfants d’Haïti ».