La police n’a recensé qu’un cadavre à La Saline

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Publié le 2019-07-11 | Le Nouvelliste

La police nationale d’Haïti n’est toujours pas en mesure de présenter un bilan détaillé vingt-quatre heures après l’incident qui s’est produit mercredi à La Saline.  Au moins quatre personnes ont été tuées et trois autres blessées par balles au cours de cet incident, selon le secrétaire exécutif du RNDDH qui avait aussi fait état de quatre disparus. « Au niveau de la police, nous avons une méthode. Pour avancer des chiffres, il nous faut faire des constats », a déclaré Gary Desrosiers, porte-parole adjoint de la Polie nationale, lors d’une conférence de presse le jeudi 11 juillet.

L’inspecteur de police affirme avoir entendu dans les médias un bilan de quatre morts et de plusieurs disparus. Mais, a-t-il dit, les policiers qui s’étaient fait accompagner d’un juge de paix n’avaient constaté qu’un seul cadavre.  Gary Desrosiers ne dément pas toutefois les chiffres avancés par le secrétaire exécutif du RNDHH et qui ont été rapportés dans plusieurs médias. « Nous sommes au courant que quatre personnes ont été tuées mais nous avons constaté un seul cadavre », a martelé le porte-parole adjoint de la PNH qui a toutefois un bémol. «  Il arrive des fois que les parents des victimes lèvent les cadavres pour aller les déposer à la morgue », a-t-il expliqué tout en dénonçant cette pratique. Il invite la population à laisser la police et les juges de paix faire d’abord le constat avant de lever les cadavres de leurs proches dans ce genre de situation.

Gary Desrosiers informe qu’une enquête a été ouverte sur cet incident et que des  agents du SWAT et d’autres unités spécialisées de la PNH ont été déployés ce jeudi à La Saline dans le cadre d’une opération.

Depuis le mois de novembre de l’année dernière, les habitants de La Saline, de Tokyo, de Delmas 2 et ceux  qui mènent leurs activités commerciales dans ces zones font face à une série d’attaques répétées de gangs armés qui profitent de l’absence de la police. À cause de la configuration de ces zones bondées de corridors, il est extrêmement difficile pour la police de maîtriser les bandits, selon Gary Desrosiers. « Après avoir commis leurs forfaits sur les grands axes, les bandits se faufilent dans ces corridors au milieu de la population.  Nous ne pouvons pas avoir des patrouilles à chaque impasse et à chaque corridor », a-t-il fait comprendre.

Dans un rapport publié le 21 juin dernier, la MINUJUSTH et le Haut commissariat des  Nations unies pour les droits de l’homme avaient dénoncé l’absence d’intervention de la PNH lors de l’attaque des 13 et 14 novembre 2018. « L’inertie observée des forces policières a également pu permettre aux auteurs des violences de transporter les cadavres, de les démembrer et de les brûler – y compris dans les jours qui ont suivi l’attaque – afin d’éliminer les preuves et d’empêcher leur identification », ont rapporté la MINUJUSTH et le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme.  «  Je n’ai pas encore vu le rapport. Je ne suis pas au courant non plus de la réponse des plus hautes autorités de la police nationale par rapport à ce document », a lâché Gary Desrosiers qui a été invité à faire un commentaire concernent le rapport. Le porte parole de la PNH a cependant confirmé que vint-cinq personnes ont été déjà appréhendées dans le cadre de l’enquête autour de ce massacre. Dix-neuf autres autres ont été arrêtées puis transférées au cabinet d’instruction dans le cadre du massacre de Carrefour-Feuilles, a-t-il aussi souligné.  

Danio Darius
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