Ce que vivent les habitants de Grand Ravine
Depuis quelques semaines ‘’Grand Ravine’’ est au centre des débats suite à la disparition du journaliste photographe Vladjimir Legagneur qui s’était rendu dans ce quartier populaire pour un reportage le mercredi 14 mars 2018
par Wilner Bossou
Mardi 1er mai 2018 ((rezonodwes.com))– Grand Ravine se situe dans la 3ème circonscription de Port au Prince à Matissant. Si vous vous trouvez à Carrefour feuilles, vous longez toute la route des dalles, dépassant les 1ère, 2eme, 3ème, 4ème avenues Bolosse. Et juste en face de la 5ème avenue Bolosse, sur votre gauche se trouve le commissariat de Grand ravine et au dos du commissariat, se situe le fameux quartier populaire, Grand Ravine.
A quoi ressemble la vie à Grand Ravine.
Les enfants de leur âge sont à l’école tandis que, de leur coté, ils se promènent dans le quartier à ne rien faire. Les autres enfants ont des livres en mains, mais eux tout ce qu’ils ont en mains c’est une arme à feu. Des ados armés prêts à affronter les gangs rivaux, prêt à tuer… Voilà ce à quoi sont soumis les jeunes de la cité de Grand Ravine.
Les chefs se sont succédés mais les problèmes des habitants restent les mêmes ou même empirent avec ces jeunes qui abandonnent la voie de la sagesse et qui tirent à tout bout de champ.
Aucun parent pour les orienter, ces ados ont pris un virage dangereux et s’auto détruisent du même coup. Certains étaient encore un enfant quand leur mères étaient parties vers l’au-delà. Aucune famille pour s’occuper d’eux, ils ont dû rejoindre le gang pour pouvoir survivre.
» Au début, raconte, un témoin, ils ne faisaient pas grand chose, des fois ils faisaient les courses pour les grand chefs, ils les avertissent de toute intrusion policière pour qu’ils soient sur leur garde ou prendre la poudre d’escampette ».
Aujourd’hui, ces ados sont prêts à défendre le territoire contre les autres gangs et l’intervention policière de tout genre.
Les jeunes femmes
Les jeunes femmes se mêlent aussi de la partie. Certaines d’entre elles se sont vues confier la garde de l’arsenal tandis que d’autres se livrent à cœur joie aux membres du gang qui leur garantissent une protection en retour. Des jeunes filles jolies qui pourraient avoir un avenir brillant se trouvent piégées dans le quartier et sont obligées de se livrer à une forme de prostitution et à la mendicité.
Il faut payer les chefs de gangs
Ti kenken n’est plus, mais l’affaire marche. Tête Kale n’est plus présent, cependant les affaires continuent. De nouveaux chefs apparaissent, mais le calvaire de la population est toujours d’actualité. A chaque destitution ou à la capture d’un chef de gang à Grand Ravine, un autre s’érige et continue à rendre difficile la vie des habitants par le taxe qu’ils imposent sur l’électricité que fournit l’EDH, sur l’eau de la Dinepa, etc…
De plus, chaque maison doit payer une somme de 1000 gourdes pour se faire brancher et continue de payer 150 gourdes le mois au gang.
Les petits commerçants dans les petites boutiques ont leur lot de problèmes aussi. Ils doivent verser une somme au gang pour s’assurer de leur protection. Dans le refus d’obtempérer, ils verront leur petit « degaje » vandalisé. Le même principe s’applique pour toute personne qui a l’intention de construire dans la zone. Il faut verser une somme pour avoir la permission de construire.
Ces hommes armés sont à la fois avocats, juges et bourreau dans le quartier. En effet quand quelqu’un a un différend avec son voisin, pas besoin d’aller chercher ailleurs, le service de justice se trouve dans le quartier populaire ou les membres du gang débarquent avec leurs armes et essaient de démêler la situation. Au final si l’accusé est coupable, le gang peut l’exiler ou l’exécuter, dépendamment de la situation. Un simple différend avec un voisin peut déboucher sur une issue fatale, si l’un des protagonistes a une connexion dans le gang !
La police semble impuissante
Toutes ces choses se passent sous le nez de la police qui, à ce qu’il paraît, ne peut rien faire pour démanteler ce réseau de gang qui fait la pluie et le beau temps dans la zone. Armés de Calibres automatiques, M14 M16, 12 et d’autres armes de pointes, ces bandits semblent beaucoup mieux équipés que les policiers qui sont présents continuellement au commissariat de Grand Ravine qui se trouve juste à l’entrée de la Ravine.
Quel espoir pour les habitants de ce quartier populaire qui n’ont pas les moyens pour déménager ? Quel espoir pour ces jeunes qui ne vivent qu’en utilisant un pistolet ? Quel avenir pour ces jeunes femmes remplies de potentiels mais qui sont forcées à s’offrir à une forme de prostitution honteuse ?
L’avenir le dira
Wilner Bossou