Dimanche 26 mai 2019 ((rezonodwes.com))– Jovenel Moïse n’est pas un président aimable. En fait, il ne fait rien pour s’attirer l’amour et l’affection de son peuple.
Il peut avoir des » Ti visye » profiteurs de la bourgeoisie, des classes moyennes qui le soutiennent. Cependant, reconnaîssons que notre président ne mérite point l’estime populaire. C’est le plus grand mal-aimé de l’histoire politique contemporaine haïtienne.
Avec un bilan économique, social et politique aussi désastreux, les soutiens les plus cyniques et insouciants du président devraient se sentir gênés d’avoir contribué à cet effondrement accéléré du pays. Autrement, ils ne sont que des « sanwont » dépourvus de tout estime de soi et du moindre sentiment d’appartenance à une communauté souffrante.
Le pays n’aime pas son président. Il est encore au Palais par défaut. Ses opposants sont féroces avec lui. Des politiciens, « odasye » et amnésiques , qui, hier au pouvoir, ont tué, volé, pillé et saccagé le pays à grande échelle, croient pouvoir faire la leçon à Jovenel Moïse. Un Jovenel Moïse qui, malgré tout, n’a pas fait d’Haiti, comme nombre de nos dirigeants passés, un narco-État ni édifié la terreur indiscriminée comme système de gouvernement.
Le discours de la Mairesse de l’Arcahaie ce 18 mai intervient dans un contexte politique et social pollué, extrêmement fragile et polarisé. Rosemila Petit-Frère etait-elle dans ses droits d’exposer le mal du pays et l’incompétence du pouvoir dans son discours désormais historique ?
Je pense que oui. Fallait-il qu’elle aille aux extrêmes avec un discours aussi irrévérencieux et insultant envers un président de la République présent à une cérémonie officielle commémorative, donc non-partisane ? Je pense que non. J’insiste : Non et Non !
Le président Jovenel peut ne pas avoir fait preuve de grandeur au paroxysme des crises politiques récentes. Il faudra, malgré lui,
qu’on préserve avec grandeur la dignité de la fonction de Chef d’État, même si, depuis un certain temps, des énergumènes ont pu assaulter et occuper le fauteuil présidentiel.
Samedi 18 mai, le Chef de l’État a été comme l’otage assiégé d’une politicienne, certes courageuse, mais surtout en mal de puissance. Le président aurait dû quitter la cérémonie et laisser la Mairesse Petit-Frère prisonnière de son flux d’invectives dirigées et politiquement motivées. Jovenel Moïse n’a point été sage de rester jusqu’à délivrer son propre discours fantaisiste, incohérent et mal placé.
Il a tout simplement confirmé qu’il est un maladroit et qu’il ne saisit pas lui-même la noblesse de sa fonction de président. Je note, au passage, que l’ex-Premier ministre Jean-Henry Céant aurait dû pareillement laisser la salle de Convention de la BRH quand le président Moïse avait cru bon et opportun de l’humilier publiquement lors de la cérémonie de présentation d’un « pacte politique », concocté par le PM sur recommandation du président.
Je déteste et réprouve la manière dont on pratique la politique en Haïti. La politique est ici le lieu de toutes les dérives, toutes les malversations, de tous les dévergondages et de tous les dévoiements.
Le pouvoir et l’opposition se font la compétition dans l’aveuglement, l’arrogance, l’arbitraire et la stupidité. À l’Arcahaie, ce 18 mai 2019, ni la Première citoyenne de cette ville historique ni le Premier citoyen de la République ne se sont montrés dignes de leurs fonctions suprêmes et solennelles.
Daly Valet
21 mai 2019