“Il y a des changements [en Haiti, ndlr] depuis le séisme de 2010 et après l’ouragan Mathieu de 2016”, a déclaré vendredi, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Haiti, Michele J. Sison, répondant aux questions de Loop Haiti sur la décision de l’Administration de Trump de mettre fin au programme TPS “après une consultation interne”.
Nouveau rebondissement dans le dossier du Temporary Protection Status (TPS) ou Statut Temporaire de Protection en français. Ce bouclier protégeant, au lendemain du séisme meurtrier du 12 janvier 2010, près de 60,000 haïtiens vivant sous le drapeau étoilé, leur a été enlevé en novembre dernier par l’actuelle administration américaine dirigée par le républicain Donald Trump.
Cependant, tel que l’argumente le gouvernement américain, avec sa population actuelle, les marques qu’elle porte encore du 12 janvier 2010 et les conditions de vie qu’on connait, Haiti est-elle vraiment prête à recevoir ce lot de citoyens ou même la moitié de ce chiffre en 2019, date à laquelle les concernés devront plier bagages et rentrer au bercail? Diplomatique mais claire, l’Ambassadeur Sison a répondu à nos questions sur ce brulant sujet pour sa toute première entrevue politique en Haiti depuis sa prise de fonction en février 2018.
“Une décision bien étudiée”
La révocation du TPS est peut-être un crève-coeur et empêche à 58,000 haïtiens, hantés par la peur de revenir au pays, de dormir la nuit, mais cette décision du département de sécurité intérieure a été “bien étudiée, avec soin” selon la représentante de Donald Trump en Haiti. Elle appelle d’ailleurs à se rappeler qu’il y a le “T” dans TPS qui signifie “temporaire” et que cette Loi des USA intervient en faveur des immigrants uniquement après un événement extraordinaire de la trempe du 12 janvier 2010 haïtien.
D’après les mots de l’ambassadeur Sison, il y a même, dans l’oeuf, des intentions de collaboration avec l’actuelle administration haïtienne en vue de la mise sur pieds d’une stratégie d’accueil et de réintégration de tous les ressortissants haïtiens qui n’auront pas réussi à régulariser leur situation d’ici 13 mois.
Mais en attendant la date butoir du juillet 2019, les américains préparent le terrain pour Haiti. “Nous avons des programmes qui sont très forts dans la création d’emploi, dans le secteur de la santé, dans le secteur agricole ou de l’éducation”, cite Sison.
Haiti est-elle prête?
Ensuite, avance-t-elle, les routes ou les bâtiments détruites sous les chocs du séisme sont nettoyées, les camps des déplacés sont pour la plupart fermés. En outre, pour ce qui concerne l’ouragan Mathew de 2016 qui a ravagé le Sud d’Haiti, à Coteaux, Roches à Bateau, Port-à-Piment, les gens ont pu reconstruire leurs maisons détruites, grâce à notamment un partenariat de l’USAID.
Elle signale en passant les avancées enregistrées dans le cadre du programme de micro réseaux électrique supporté par l’agence américaine. “Il y a des changements depuis le séisme de 2010 et après l’ouragan Mathieu de 2016”, conclut-elle. “Donc oui”, les conditions qui étaient créées pour l’activation du statut de protection temporaire pour les haïtiens aux Etats-Unis, “sont finies”, estime la diplomate.
« TPS », le cauchemar des Haïtiens aux États-Unis
Cependant, le dernier film documentaire “TPS” (tout pour le statut) du journaliste et réalisateur haïtien, Valéry Numa, met à nue la peur qui habite les haïtiens concernés par cette menace. Tous ceux interrogés dans le cadre de son film (dont la première a eu lieu cette semaine à Port-au-Prince) expriment cette crainte d’être un jour retourné dans leur pays. Tout recommencer dans les conditions actuelles en Haiti, n’est pas une option envisageable pour ces gens.
D’autre part, des médias, des organisations de défense des droits de l’homme et même des parlementaires américains remettent en question la décision de l’administration de Trump . Des documents rendus publics récemment ont permis de de voir tout un autres facettes de l’affaire, notamment que la conclusion de la Home security departement est contradictoire par rapport à certaines considérations présentes dans un rapport.
En novembre 2017, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, informe le secrétaire du département de la Sécurité intérieure, Elaine Duke, que les conditions en Amérique centrale et Haiti ayant évolué positivement, rien ne justifie plus le maintien du TPS. Ses recommandations concernant plus 300 000 ressortissants de cette région ont été confirmées à un moment où, depuis son accession à la présidence et même avant – en campagne électorale – Donald Trump n’avait jamais voilé sa vision des étrangers en Amérique.
Les deux dernières scandales liés à des déclarations attribuées au chef d’Etat américain, impliquant Haiti, le Salvador et des pays africains, ne font qu’animer les doutes quant aux véritables motifs de la validation de la suppression du TPS, “une décision cruelle qui ne sert pas les intérêts des États-Unis ou d’Haïti” selon les propos de Pramila Jayapal, élue pour l’État de Washington à la Chambre des représentants des États-Unis en 2016.
Rep. Pramila Jayapal
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@RepJayapal
Donald Trump’s anti-immigrant agenda in action: Revoking TPS for nearly 60,000 Haitians. This is a cruel decision that does not serve the interests of United States or Haiti. https://twitter.com/MiamiHerald/status/932761316112195585 …
21:17 – 20 nov. 2017
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