La colère s’intensifie en Haïti contre le pouvoir de Jovenel Moise

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10 février 2019 

Panorama de la situation en Haïti au quatrie jour d’une paralysie totale des activités à Port-au-Prince. Des manifestations spontanées émaillées de violence font planer de grandes incertitudes sur l’avenir de Jovenel Moise au Palais national. Celui-ci bénéficie encore de la bénédiction du Core Group passant outre la publication officielle du rapport de la Cour des Comptes impliquant directement l’ancien patron d’Agritrans dans les détournements des fonds de Petro Caribe

Port-au-Prince, dimanche 10 février 2019 ((rezonodwes.com))–Tôt ce dimanche, des rues de Delmas, de Pétion-Ville, du Centre-ville de Port-au-Prince, étaient encore inaccessibles aux véhicules. Des pneus enflammés, des carcasses de véhicules, des piles d’immondices dressées la veille jonchaient encore la chaussée et entravent la circulation automobile. Le décor a contraint piétons et motocyclistes à frayer un passage au milieu du dispositif imposé.

Dans les rares stations d’essence ayant gardé leurs portes ouvertes, une affluence pour s’approvisionner en carburant et en propane était observée.

À l’annonce de la reprise de la mobilisation, des chrétiens catholiques et protestants pressaient le pas pour regagner leur demeure. Sur les réseaux sociaux, à la radio, des messages appelant à la prudence ont multiplié.

La colère populaire grondait déjà dans certains quartiers de Port-au-Prince. Au Carrefour de l’Aéroport, au bas de Delmas, au centre-ville, à Carrefour des groupuscules de manifestants guettent les premières vagues des mouvements des rues. ‘’Le Président a failli à sa mission. Les conditions de vie des plus vulnérables se sont aggravées. Il doit partir », scandaient un groupe de manifestants très déterminés.

En milieu de journée, la fumée noire embrasait plusieurs endroits de la capitale. À Carrefour, la tension montait d’un cran. Des jeunes ont barricadé la voie principale donnant accès au Grand Sud et terrorisé des automobilistes qui voulaient s’y aventurer.’’ Nous sommes là jusqu’à ce qu’il s’en aille. Aucune négociation n’est possible avec Jovenel Moise, s’époumonent des protestataires.

u cœur de Port-au-Prince, la rébellion s’est exprimée avec violence. Des immeubles publics ont été la cible d’attaque de protestataires. À Lalue, les locaux de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) ont été attaqués et quatre véhicules garés sur la cour du bâtiment ont été incendiés. Des entreprises privées ont également subi la réaction violente des mécontents de deux années de gouvernance de Jovenel Moise, Jack Guy Lafontant et Jean-Henry Céant. Au Champs de Mars, une tentative de pillage dans un centre commercial a été rapportée. Après s’être introduit dans le bâtiment, un groupe de manifestants ont mis le feu dans un camion.

La Police nationale aux abonnés absents, Arnel l’homme providentiel

Port-au-Prince a vécu une journée de tension. Des affrontements ont éclaté aux abords du Palais national et dans des coins stratégiques. Des contestataires ont menacé d’atteindre le siège de la Présidence, le « bunker » infranchissable que le 12 janvier 2010 n’a pas épargné. Des heurts ont éclaté entre force de l’ordre et manifestants pressés de prendre d’assaut l’espace. Des jets de pierres, de tirs nourris, des échauffourées ont caractérisé cet épisode macabre, 33 ans après la chute du régime dictatorial des Duvalier.

Dans la foulée, le chef de gang Arnel Joseph a repris pied. Longtemps recherché par la police, le fugitif a refait surface dans un contexte de troubles sociopolitiques. Une nuée de gens a pris la direction du Village de Dieu pour solliciter le soutien du caïd.’’ Arnel, écoute le cri de ton peuple. Tu dois nous aider à nous débarrasser de Jovenel Moise, hurlaient les manifestants.

D’autres villes du pays ont été  également paralysées par des mouvements de soulèvements populaires. Ouananminthe, Cap-Haitien, Mirebalais ont dansé au rythme du renvoi du Chef de l’État tèt kalé. Entre temps, le gouvernement reste encore discret sur la crise. Aucune intervention du Palais national au nom duquel a parlé le Core Group, à travers un communiqué, n’a été signalée.

En attendant, les prochaines heures s’annoncent décisives pour M. Jovenel Moise disant souvent que « sé yon éli ki pou vinn ramplasé yon éli » alors qu’au début de l’année, l’ex-PM prône pour un régime PHTK pour au moins 50 ans au pouvoir en Haïti. Mais à quel prix ? Déjà le dollar est coté à 88 zòrèy bourik.

Hervé Noël pour Rezo Nòdwès
vevenoel@gmail.com